Alger, bleu marine

03/10/2023 mis à jour: 00:31
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Et si on parlait d’Alger ? Depuis quelque temps, les autorités sont à pied d’œuvre pour la bichonner et on constate de visu, de mois en mois, des progrès, pas seulement au centre-ville. Des ravalements de façades, des feux tricolores, des extensions routières, nombre de nouveaux équipements urbains et suburbains. 

De plus en plus d’espaces verts. Le métro s’allonge, le chemin de fer se modernise et le tramway ravit la population qui bénéficie de plus en plus d’écoles et de centres de santé de proximité, même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. L’aménagement de la façade maritime a fait surgir de terre une des plus belles promenades dans le monde, valorisée par le site exceptionnel de la Baie d’Alger, seconde dans le monde après celle de Rio de Janeiro. 
 

La ville dispose d’un des plus beaux jardins botaniques dans le monde, qui a servi au tournage du célèbre film Tarzan. L’adoration des Algérois pour leur ville n’est pas entachée par leurs plaintes sur la cherté de la vie, somme toute en dents de scie, et présente dans toutes les capitales du monde.

 Les habitants comptent beaucoup sur la débrouillardise et la solidarité collective et familiale. Non, Alger n’est pas inhumaine, encore moins invivable, comme l’écrivait, il y a une année, le magazine londonien The Economist la qualifiant de troisième pire ville dans le monde, après Damas et Tripoli. 
 

Mettre Alger à côté de deux cités dévastées par la guerre, il fallait le faire ! Le journal aurait été mieux inspiré s’il avait dépêché des reporters pour une longue plongée dans la capitale. 
 

Ils auraient été émerveillés par La Casbah, magnifique vestige architectural des temps de l’occupation turque, toujours pleine de vie en dépit des atteintes de l’âge, dégusté des plats traditionnels incomparables dans des lieux insolites, découvert des palais mauresques, emprunté mille et un escaliers. Ils auraient flâné le long des splendides boulevards bordés d’immeubles haussmanniens, vestige de la France coloniale. 

On leur apprendra que chaque rue est un lieu chargé d’histoire et qu’Alger s’est faite également par le sacrifice et le sang. Ils noteront des noms de grands martyrs, Ali La pointe, Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane, Hassiba Ben Bouali, Petit Omar et tant d’autres militants de la Révolution algérienne. 
 

Enfin, viendra à leur rencontre une population multiculturelle, surfant entre conservatisme et modernité, assoiffée de culture et de savoir. Alger n’a-t-elle pas été un temple du cinéma, le rendez-vous de grands réalisateurs et acteurs du monde entier, spécialement du tiers-monde, auxquels Mohamed Zinet et Momo qui ont fait briller Alger avec Tahya Didou, et Merzak Allouache, qui a habité le cœur des Algérois et les nouvelles génération du 7e art, n’ont rien à envier. 
 

La Cinémathèque d’Alger s’est taillée une stature internationale dans le prolongement de l’inoubliable Festival panafricain de 1968, puis des Rencontres périodiques sur le livre, le théâtre et la musique qui ont produit de grandes œuvres. 

Le reflux culturel qu'évoquait le journal The Economist pour une mauvaise note sur Alger est circonstancier, ne résume ni la ville ni le génie de ses habitants. C’est simplement une mauvaise parenthèse de l’histoire mouvementée du pays qui se refermera aussi vite qu'elle a été ouverte. 

Enfin, ces reporters du Nouvel Economist devront à leur retour avoir dans leurs bagages les poèmes d’Ana Greki, «Algérie, capitale Alger, ville audacieuse ville démarrée, ville marine bleu marine saline, ville au large rapide à l’aventure». 

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