Elu à la tête de la Banque mondiale un mois plus tôt, le nouveau patron de cette institution de Bretton Woods, Ajay Banga, devrait prendre ses fonctions le 2 juin prochain pour un mandat de cinq ans. Une première, le premier responsable de la BM, un Américain d’origine indienne, n’est ni économiste ni issu de l’administration.
Candidat des Etats-Unis, dirigeant d’entreprises de 63 ans, l’Américano-Indien est né et a grandi en Inde. Il a fréquenté l’une des meilleures écoles de commerce d’Asie, avant d’y débuter sa carrière, au début des années 1980, dans les filiales locales de grands groupes agroalimentaires, Nestlé puis PepsiCo.
Entre 2005 et 2009, il sera chargé du développement de la stratégie de microfinancement de Citigroup. Rejoignant Mastercard en 2009 comme directeur des opérations avant d’en devenir le directeur général un an plus tard, puis président du conseil d’administration en 2021.
D’aucuns considèrent que ce choix porté sur lui reflète la volonté de la Maison-Blanche de faire un geste vers des pays émergeants dans un contexte de fortes tensions géopolitiques et de difficultés économiques post-Covid-19.
Traditionnellement, la BM est la chasse gardée des Etats-Unis. Tandis que, au nom d’une loi non écrite, le Fonds monétaire international était l’apanage des Européens.
Mais cette hégémonie était de plus en plus remise en cause, notamment par les grands pays émergents, Brésil, Chine, Inde et Russie en tête, qui souhaitent, depuis plusieurs années, voir leur place dans les institutions financières internationales se renforcer.
Serait-ce ainsi un rapprochement d’un des géants asiatiques, l’Inde, comme on le suggère dans certains cercles ? Ajay Banga, en tout cas, aura fort à faire avec la mise en œuvre des réformes du groupe de la Banque mondiale, que les Etats-Unis, avec le soutien de différents pays, veulent mener, et le financement de la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier pour les pays pauvres et émergents.
Dès sa désignation, Ajay Banga s'est lancé dans une tournée mondiale, visant à promouvoir sa candidature et à obtenir le soutien d'un maximum de pays, en particulier émergents et en développement.
Il a ainsi pu compter sur l’Inde, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud, qui ont soutenu sa candidature. Mais pas seulement, puisque M. Banga a aussi pu compter sur le soutien d’un certain nombre de pays francophones, notamment, comme le rappelait à la mi-avril, selon l’AFP, Abdoul Salam Bello, administrateur de la BM représentant 23 pays africains.
«Nous pensons que son expérience sera très importante afin d’aider la BM à renforcer la mobilisation du secteur privé. Lors de notre discussion, il a parlé de solutions pratiques très intéressantes pour renforcer cet engagement du privé», a-t-il ajouté.
Les besoins ? Selon le FMI : un minimum de 1000 milliards de dollars par an sera nécessaire, sur les prochaines années, pour aider les pays émergents et en développement à y faire face.Lors des réunions de printemps, les principaux contributeurs à la BM se sont entendus pour augmenter ses capacités de financement de 50 milliards de dollars sur les dix prochaines années.