Aït Amer Ouali (Béjaïa) : Un village délaissé

30/11/2023 mis à jour: 20:19
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Le programme de «citernage», tracé par l’ADE, est loin de rependre à la demande des villageois - Photo : D. R.

S’estimant lésés, les habitants d’Aït Amer Ouali, du douar Amtik n’Tafat, relevant de la commune de Béjaïa, déplorent plusieurs insuffisances en matière de commodités dans leur patelin.

Ce patelin de plus de 3000 habitants, situé à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la commune de Béjaïa, endure une pénurie d’eau chronique depuis des années, l’inexistence d’un réseau de distribution de gaz naturel et de transport, en plus du manque d’aménagement urbain. L’eau est sans doute le problème épineux dont souffrent les habitants, attestent les représentants du village qui se sont rendus à notre rédaction locale.

«Le douar est alimenté quelques heures par semaine à partir de la commune de Toudja, une région qui connaît elle aussi une crise d’eau potable. «Nous attendons depuis longtemps le raccordement de notre village au barrage hydraulique Tichi Haf, mais le projet peine à avancer. Afin de s’en approvisionner, nos familles dépensent en moyenne de 10 000 à 15 000 DA par mois pour l’achat de l’eau chez les colporteurs. C’est un budget important pour des ménages dont les chefs de famille sont des salariés ou des journaliers», explique un habitant.

Ce dernier ajoute : «Le programme de citernage (approvisionnement en citerne mobile) tracé par l’unité de l’Algérienne des eaux de Béjaïa au profit de ce douar est loin de répondre à la demande des habitants qui scrutent tous les matins un hypothétique camion-citerne afin de remplir les jerricans pour un usage domestique, car cette eau est imbuvable.»

Lors des récents incendies de forêt, qui ont touché la région de Béjaïa, se rappelle un villageois, «nous avons vécu l’enfer. Heureusement, certains voisins nous ont permis d’accéder à leurs puits, autrement, la situation serait intenable».

Depuis, ajoute un sexagénaire, «nous avons pratiquement frappé à toutes les portes. On a saisi l’ADE et l’APC de Béjaïa, en vain». Comme le nouveau réseau de transport de l’eau, les travaux de réalisation du réseau de gaz naturel sont arrêtés à hauteur du village Taourirt, à environ trois kilomètres d’Aït Amer Ouali.

En hiver comme en été, les habitants s’approvisionnent en bonbonnes de gaz butane grâce à un programme de livraison d’une fréquence de deux jours par semaine. Les plus chanceux, notamment, les résidants disposant d’un véhicule, s’en procurent au niveau d’un dépôt de gaz butane situé sur la route de Toudja.

La population d’Aït Amer Ouali souffre également du problème de transport. «Pour se rendre dans cet arrière-pays de la commune de Béjaïa, il faut des heures d’attente au bord de la route avant d’espérer avoir une place à bord des deux fourgons qui desservent tous les villages. L’auto-stop est devenu ainsi le sport quotidien des citoyens du douar qui rejoignent chaque matin leur lieu de travail et les établissements scolaires. Ajoutons à cela l’inexistence d’abris bus», ajoute le vieil homme.

Le problème du transport impacte l’activité quotidienne des citoyens, dont la scolarité des lycéens et des collégiens, ainsi que les élèves du CFPA. M. Djoulane affirme qu’à cause du manque de locomotion, «les élèves du CFPA ont été transférés vers le CFPA de Bakaro, car il se trouve que les élèves venant de la ville ont plus de facilité à rejoindre le centre de l’est de la wilaya que celui d’Amtik N Tafat, situé sur les hauteurs de la ville de Béjaïa».

Pourtant, atteste un villageois, «nous avons proposé des solutions au responsable de la direction des transports, mais celui-ci nous a orientés aux services de l’APC, qui ne font rien pour sortir le douar du dénuement. Pourtant, la solution est simple : puisque notre ligne n’est pas rentable, selon eux, les autorités peuvent bien imposer au moins deux navettes que les opérateurs effectueront à tour de rôle». Les citoyens du douar Amtik n’Tafat estiment que leur village gagnera en qualité de vie à coup sûr, si l’assainissement et l’aménagement des routes sont également pris en charge par la mairie.


 


 

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