- Quel est le poids de la Russie et de l’Ukraine sur le marché mondial du blé ?
La Russie et l’Ukraine sont parmi les plus grands pays producteurs de blé. La Russie produit entre 75 et 85 millions de tonnes, tandis que l’Ukraine produit entre 26 et 28 millions de tonnes. La production des deux pays peut dépasser 100 millions de tonnes alors que celle enregistrée à l’échelle mondiale est estimée à 750 millions de tonnes !
En termes d’exportation, la Russie représente entre 37 et 40 millions de tonnes, tandis que les exportations de l’Ukraine peuvent dépasser 17 millions de tonnes. Ainsi, les deux pays exportent à eux seuls jusqu’à 60 millions de tonnes, sachant que la quantité de blé mise sur les marchés mondiaux est estimée à 175 millions de tonnes, cela signifie que les deux pays détiennent 34% du marché international de ce produit stratégique, et c’est très important comme chiffre qui peut faire la différence.
- Quel serait l’effet du conflit entre les deux pays sur l’approvisionnement de l’Algérie en blé ?
L’Office professionnel algérien des céréales (OAIC) a confirmé que l’Algérie ne sera pas affectée par la crise ukraino-russe en matière d’importation de blé, ajoutant que le pays adopte une politique de diversification de ses partenaires commerciaux dans les opérations d’importation de blé. Mais rappelons que l’Algérie était presque totalement dépendante du blé tendre français pour approvisionner le marché local, car le cahier des charges afférent à l’importation du blé ne permettait pas à certains pays, à l’instar de la Russie, de pénétrer le marché algérien à cause des impuretés que contient le blé russe (punaises) à des proportions non autorisées par le cahier des charges de l’OAIC, la diversification des fournisseurs n’aurait pas été possible si l’Office n’avait pas changé certaines clauses du cahier, ce qui a permettrait à d’autres pays de pénétrer le marché algérien...
- Donc, la crise n’impactera pas directement les importations en blé tendre…
Certes, la crise actuelle en mer Noire n’affectera pas directement nos importations de blé tendre, car le cas échéant et dans le pire des scénarios, l’Algérie reviendra à son fournisseur historique (la France) et reportera la diversification des fournisseurs jusqu’à la fin de la crise ! Mais notre pays sera affecté indirectement, comme d’autres d’ailleurs, car la réticence de la Russie et de l’Ukraine à approvisionner les marchés internationaux en blé tendre, si la crise perdure, créera une tension sur le marché du blé à l’international et conduira sans aucun doute à une hausse importante des prix. J’ajoute que si la sécheresse perdure, nous serons obligés d’importer des quantités plus importantes que d’habitude, donc on importera plus à cause de la sécheresse et on payera plus cher à cause de la crise en mer Noire !
Propos recueillis par Samira Imadalou