Mercredi, lors du dernier jour de sa session de printemps, l’APW a eu à «entendre» le rapport de sa commission habitat dont la forme est des plus inhabituelles. Il s’agit d’un reportage filmé.
Cependant, quand bien même la démarche a introduit une fraîcheur qui change de ces rapports généralement soporifiques et sans consistance produits par des élus sans formation préalable dans l’analyse des réalités sociales et économiques des collectivités locales, des élus qui poussent parfois l’amateurisme jusqu’à reproduire les rapports des directeurs de l’exécutif de la wilaya, des cadres devenus experts dans l’art de positiver les situations.
Mais, au suivi du film, passées les premières images, la désillusion s’invite au regard du dilettantisme des élus improvisés journalistes, ce qui suscite le désagréable sentiment de leur adoption de la démarche des influenceurs sur les réseaux sociaux soutenant leurs propos par des images animées.
En effet, toutes les règles professionnelles du reportage sont ignorées. Ni les lieux, ni les personnes interviewées ne sont identifiés, ni la validité de leurs propos n’est interrogée, certains étant diablement sujets à caution. En ce sens, c’est l’écume des faits qui est captée et non les faits eux-mêmes, la réalité chiffrée est perdue de vue. Cela est si évident que la bande-son du «film» est parfois saturée par une musique qui en appelle à la subjectivité plutôt qu’à la raison du «spectateur».
Un autre élément de spectacularité s’y ajoute, les plans ne sont pas toujours à hauteur d’homme, les images sont parfois en plans séquences réalisés avec une caméra promenée par un drone. Les effets pervers d’un langage dont le/les commanditaires ne maîtrisent pas la grammaire, jouent leur partition. Le commentaire aligne les accusations sur les arrêts et abandons de chantiers comme sur l’attribution de logements sans raccordement à l’AEP et à l’électricité, mais tait le pourquoi et le comment exacts, se satisfaisant prudemment de généralités, telle une vague bureaucratie, qui n’aident pas à la prise de décision adéquate.
A signaler que la presse a été prise à partie pour son traitement de l’actualité, ce qui est plutôt surprenant sachant que ni l’APW ni les directions de l’exécutif de wilaya ne jouent la transparence en fournissant des copies de leurs rapports présentés lors des sessions de l’assemblée.