Le tri sélectif des déchets ménagers est enfin entré dans les mœurs à Témouchent après près de deux décennies suite à l’établissement, en 2005, d’un schéma directeur de leur ramassage pour la wilaya.
Ce schéma directeur a projeté la création de quatre centres d’enfouissement technique (CET). Le premier d’entre eux a été implanté au niveau de Sidi Ben Adda au profit de la daïra chef-lieu de wilaya et le second dans la commune de Sidi Safi pour la daïra de Béni Saf.
En septembre 2009, la municipalité de Témouchent annonce que le tiers des ordures de la ville est donné en concession à une société algéro-française qui s’installera avec ses moyens et prendra attache avec la population pour organiser de concert avec elle leur collecte. Rien ne sera concrétisé.
En 2010, des EPIC sont institués pour gérer les deux CET de la Wilaya. La réalisation de deux autres est envisagée. Mais, plusieurs tentatives de gestion des déchets urbains sont avortées. En cause, un volontarisme s’appuyant sur l’absence totale d’expertise en la matière à tous les niveaux de la décision.
Pis, il n’a été tenu compte ni des réalités ni de l’expérience accumulée par les pays développés. Il a même été question d’investisseurs intéressés. En 2011, venant de 24 wilayas où des CET ont été érigés en EPIC, des gestionnaires de centres d’enfouissement technique des ordures ont rendu visite à celui de Sidi Ben Adda pour un échange d’expérience. Nombre des visiteurs ont avoué que le traitement écologique des ordures constitue également un véritable casse-tête en leur région. Il était impensable de reprendre à l’identique les stratégies des pays devanciers tant les procédés sont divers, les techniques complexes et qu’elles mobilisent de faramineux investissements.
Par ailleurs, «il nous fait défaut la condition sine qua non pour une exploitation optimum des CET, à savoir l’implication citoyenne des ménages dans le tri sélectif de leurs détritus». Récemment, à Témouchent, trois bacs ont remplacé l’unique qui recevait le tout venant des déchets. Hier, nous avons rencontré El Hadi, un collecteur de plastique et de métaux ferreux à Haï Zitoun, un sexagénaire, en train d’opérer sur des bacs. Sa mobylette avec des supports de tous côté était chargée en volume.
Il est sûrement plus indiqué que tout interlocuteur institutionnel pour nous parler du tri sélectif. Pour sa part, il indique que son travail est grandement allégé et qu’il récupère plus que d’habitude. Sans avoir en plus à subir des nauséeuses pestilences et le repoussant dégoulinement d’inidentifiables liquides.
Il déplore le passage d’autres collecteurs avant lui : «Ils bâclent le travail, rendant malaisé l’intervention d’un autre après eux».
Lorsqu’on l’interroge sur le succès de l’opération, il le juge mitigé : «Dans les quartiers résidentiels où ce sont les adultes qui jettent les déchets, c’est positif. Mais, dans les quartiers où les immeubles sont nombreux, et où ce sont les enfants qui jettent les ordures, les gamins les balancent sans tenir compte du bac où ils doivent les déposer».