De la sorte, il est prôné l’abandon de la généralisation, jugée irréfléchie, de la céréaliculture pluviale, celle-ci étant définie comme une agriculture dont les résultats de production sont en fonction directe de la quantité des pluies annuelles, contrairement à la céréaliculture en irriguée, cette dernière étant aussi inenvisageable dans le Témouchentois pour la même raison, sachant l’insuffisance des précipitations qui ne permettent pas la constitution de ressources hydriques souterraines exploitables pour l’agriculture.
En effet, Aïn Témouchent ne dispose pas d’une nappe phréatique, à l’instar des wilayas de la région, mais seulement de poches de-ci de-là, du fait des caractéristiques hydrogéologiques du sous-sol et de sa formation complexe, le Témouchentois étant une zone anciennement volcanique. Saisissant opportunément la réflexion d’un élu, le DSA a abondé dans son sens, soulignant que la région est de tout temps connue comme zone semi-aride, une spécificité qui s’est nettement accentuée depuis deux décades. Pis, selon d’aucuns, cette aridité s’est accrue depuis l’arrachage de l’essentiel des 60 000 ha de vigne de cuve, soit globalement la moitie de la superficie agricole cultivée.
Le spécialiste a ainsi proposé que soit appuyée la culture de l’olivier et que l’on revienne à la viticulture en gobelet, c’est-à-dire sans irrigation. En effet, le vignoble qui verdit en été et qui couvrait Coteaux et Plaines de l’Oranie, avait pour effet bénéfique de favoriser à travers toute la région le maintien d’un microclimat favorisant la pluviométrie. À cet égard, afin d’imposer sa déplantation, deux dogmes avaient alors prévalu, celui, officiel, de privilégier, à la place du vignoble, une spéculation élevée au rang de culture stratégique, celle des céréales. Ensuite, toutes les voix qui se sont élevées contre ont été sommées de se taire, au motif d’un second dogme soutenu par les partis du courant islamiste.
Il taxait la viniculture de «oumou el khabaïte» (la mère de tous les vices). Le résultat en est que l’Algérie, du fait de l’importance de sa production, était l’unique pays au monde à disposer de deux sièges au sein de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) est devenue importatrice. Voilà pour le rappel des faits.
Pour ce qui est de l’aspect technique, notons que contrairement à la céréaliculture, la vigne cultivée sans arrosage va puiser son eau des profondeurs du sol grâce à son vigoureux système racinaire, enrichissant de la sorte les sucs de ses grappes par différents aromes et saveurs, en les puisant aux différentes couches du sous-sol. En outre, après une année pluvieuse, la vigne de cuve ne souffre pas l’année suivante, en cas de sécheresse. Est-on prêt à repenser les choix en matière de reconversion du système de production agricole dans les régions où cela est nécessaire ?