Agression israélienne contre Ghaza : L’ONU dénonce la destruction intentionnelle des équipements médicaux

21/04/2024 mis à jour: 03:07
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Les forces d’occupation israéliennes ont délibérément visé des hôpitaux, à l’instar de celui d’Al Shifa, complètement détruit ( photo : dr)

Les Nations unies (ONU) ont dénoncé, vendredi, la destruction intentionnelle d’équipements médicaux sophistiqués et difficiles à obtenir dans les hôpitaux et maternités assiégés de Ghaza, aggravant les risques pour les femmes qui accouchent déjà dans des «conditions inhumaines et inimaginables». 

Dominic Allen, représentant du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) de Palestine, a affirmé que de récentes missions menées par les Nations unies dans 10 hôpitaux de Ghaza ont découvert que beaucoup d’entre eux étaient «en ruine», et que seuls quelques-uns étaient capables de fournir des services en matière de santé maternelle et infantile. 

Ce que les équipes ont vu dans le complexe hospitalier Al Nasser, longtemps assiégé par les forces israéliennes lors de leurs opérations dans la ville méridionale de Khan Younès, «me brise le cœur», a-t-il ajouté à des journalistes à Genève, via une liaison vidéo depuis Al Qods occupée. Il a confié avoir vu «du matériel médical volontairement brisé, des échographes – qui, vous le savez, sont un outil très important pour garantir des accouchements sûrs – avec des câbles coupés». «Des écrans d’équipements médicaux sophistiqués, comme des échographes et autres matériels, ont été brisés», a souligné le représentant du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) de Palestine. 

A Al Khair, une autre maternité de Khan Younès, «il semblait ne pas y avoir le moindre équipement médical en état de marche», a-t-il dénoncé, déplorant que les salles d’accouchement «restent silencieuses». «Elles devraient être un lieu où l’on donne la vie et elles donnent juste un étrange sentiment de mort», a-t-il relevé. Selon ce responsable onusien, seuls 10 des 36 hôpitaux de Ghaza fonctionnent actuellement, même partiellement. 

Seuls trois d’entre eux sont désormais capables de fournir une assistance aux quelque 180 femmes qui accouchent chaque jour à travers Ghaza, dont environ 15% souffrent de complications nécessitant des soins importants. Les hôpitaux capables de fournir de tels soins sont donc confrontés à d’importantes contraintes. L’hôpital de campagne émirati, dans le Sud, qui est actuellement la principale maternité de Ghaza, prend par exemple en charge jusqu’à 60 accouchements chaque jour, avec jusqu’à 12 césariennes, d’après lui. Les femmes en sortent quelques heures seulement après avoir accouché et «moins d’une journée après une césarienne», a déclaré Allen, notant que «cela augmente les risques». 

Après six mois d’agression israélienne sur Ghaza, l’accès aux soins de santé dans l’enclave palestinienne est désormais «totalement inadéquat», avait déclaré, début avril, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’issue d’une mission conjointe d’évaluation à l’hôpital Al Shifa, dans le nord de la bande de Ghaza. 

La mission multi-agence, menée par l’OMS le 5 avril, en collaboration avec le directeur intérimaire de l’hôpital Al Shifa, avait examiné l’étendue des destructions suite aux agressions des forces d’occupation contre l’enclave palestinienne. Comme la plus grande partie du nord de Ghaza, l’hôpital Al Shifa «n’est plus qu’une coquille vide après le dernier siège», avait indiqué l’OMS, et il ne reste plus aucun patient dans l’établissement, où la plupart des bâtiments sont gravement endommagés ou détruits et la majorité des équipements inutilisables ou réduits en cendres. 
 

«Absence d’un système de déconfliction»

«Dans la même zone, de nombreux cadavres étaient partiellement enterrés avec leurs membres visibles. Au cours de la visite, le personnel de l’OMS a vu au moins cinq corps partiellement recouverts sur le sol, exposés à la chaleur», avec «une odeur âcre de corps en décomposition qui envahissait l’enceinte de l’hôpital», avait ajouté l’OMS, rappelant que «la sauvegarde de la dignité, même dans la mort, est un acte d’humanité indispensable». Selon le directeur intérimaire de l’hôpital, les patients ont été détenus dans des conditions épouvantables pendant le siège de l’armée israélienne.

 Au moins 20 d’entre eux sont tombés en martyrs, en raison du manque d’accès aux soins et des déplacements limités autorisés pour le personnel de santé. Entre la mi-octobre et la fin mars, plus de la moitié des missions de l’OMS ont été refusées, retardées, entravées ou reportées. «Alors que les besoins en matière de santé augmentent, l’absence d’un système de déconfliction fonctionnel constitue un obstacle majeur à l’acheminement de l’aide humanitaire à l’échelle nécessaire», avait noté l’agence sanitaire des Nations unies. 

La destruction de l’hôpital Al Shifa et du complexe médical Al Nasser dans la ville de Khan Younès, «a brisé la colonne vertébrale d’un système de santé déjà mal en point».Sur les 36 hôpitaux qui desservaient plus de deux millions de Palestiniens de Ghaza, seuls 10 restent à peu près fonctionnels, et les types de services qu’ils peuvent fournir sont très limités, avait noté l’OMS. Ladite mission avait subi des retards importants au point de contrôle militaire sioniste menant vers Al Shifa. Le même jour, une autre mission à destination des hôpitaux Al Awda et Kamal Adwan, pour déployer des aides en équipes médicales, du carburant et l’orientation des patients en situation critique, a subi des retards inutiles, y compris la détention d’un chauffeur de camion de ravitaillement qui faisait partie du convoi.

 L’OMS avait réitéré ses appels «à la protection des patients, des travailleurs sanitaires et humanitaires, des infrastructures sanitaires et des civils». Elle avait mis en garde contre toute incursion militaire à Rafah, où près de 1,5 million de personnes sont réfugiées, ce qui ne pourrait qu’entraîner une perte supplémentaire de soins de santé et aurait des conséquences sanitaires «inimaginables». «Le démantèlement systématique des soins de santé doit cesser», avait réclamé l’OMS. L’agence sanitaire mondiale avait également demandé l’ouverture de nouveaux points de passage terrestres, afin de permettre un accès plus sûr et plus direct à la bande de Ghaza. «Alors que la famine menace, que les épidémies se propagent et que les lésions traumatiques augmentent, l’OMS appelle à un accès sans entrave de l’aide humanitaire à travers la bande de Ghaza, ainsi qu’à un cessez-le-feu durable», avait conclu l’OMS. 
 

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