Aggravée par les conflits et les extrêmes climatiques : L’insécurité alimentaire pèse de plus en plus sur les zones urbaines

18/07/2023 mis à jour: 23:00
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A échéance 2030, plus de 600 millions de personnes souffriront encore de la faim - Photo : D. R.

Une étude onusienne, axée sur l’urbanisation, la transformation des systèmes agroalimentaires et sur l’accès à une alimentation saine le long du continuum rural-urbain, évalue le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde entre 690 millions et 783 millions en 2022 soit 122 millions de plus qu’avant la pandémie.

Selon le dernier rapport sur l’état de la sécurité alimentaire dans le monde publié durant ce mois de juillet par cinq organismes onusiens spécialisés dont l’Organisation des Nations onie pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (Fida et l’Organisation mondiale de la santé, des efforts sont encore à consentir pour atteindre l’objectif d’éliminer la faim d’ici 2030.

Ces organisations appellent, dans ce cadre, à amplifier et mieux cibler les actions pour réussir ce défi dont la réalisation risque d’être compromise eu égard à de nombreux facteurs. «La cible ''Faim zéro'' des ODD est sans nul doute un gigantesque défi à relever d’ici à 2030» indiquent les rédacteurs du rapport. A échéance 2030, plus de 600 millions de personnes souffriront encore de la faim, selon la même source. Car la fragilité et la vulnérabilité des systèmes alimentaires sont toujours de mise.

Globalement, il ressort du document que les systèmes agro-alimentaires restent extrêmement vulnérables aux crises et aux perturbations résultant des conflits, des extrêmes climatiques et des contractions économiques. «Ces facteurs, conjugués aux inégalités croissantes, continuent de mettre à rude épreuve la capacité des systèmes agro-alimentaires de fournir à chacun une alimentation nutritive, sans danger pour la santé et abordable», indique le rapport parlant de «grands moteurs de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition».

L’étude axée sur l’urbanisation, la transformation des systèmes agroa-limentaires et sur l’accès à une alimentation saine le long du continuum rural-urbain évalue le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde entre 690 millions et 783 millions en 2022 soit 122 millions de plus de plus qu’avant la pandémie. Certes, la faim a cessé de s’aggraver dans le monde au cours des deux dernières années, avec moins 3,8 millions de personnes sous-alimentées de moins qu’en 2021, cependant, «la reprise économique a incontestablement été fragilisée par la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie, elle-même amplifiée par la guerre en Ukraine», observe le rapport.

Conséquence : les populations subissent une crise alimentaire qui s’aggrave à de nombreux endroits. L’Afrique est encore la région la plus touchée avec une personne sur cinq qui souffre de la faim sur ce continent, soit plus du double de la moyenne mondiale.

D’ou l’urgence de mener une action coordonnée à l’échelle planétaire. «Nous devons renforcer la résilience face aux crises et aux chocs qui favorisent l’insécurité alimentaire, des conflits au climat», a expliqué dans ce sillage M. António Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dans un message vidéo diffusé à l’occasion du lancement du rapport au siège de l’ONU, à New York.

Et ce, d’autant que la menace pèse lourdement sur les zones urbaines. En effet, le rapport porte également sur l’urbanisation accrue, qui influence les modes d’alimentation et les choix alimentaires.

Avec sept personnes sur dix qui devraient vivre en ville en 2050, d’après les projections, «il est impératif que les gouvernements et les autres acteurs qui s’emploient à lutter contre la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition s’efforcent de comprendre les évolutions liées à l’urbanisation et d’en tenir compte dans l’élaboration de leurs politiques», appellent les organismes onusiens.

«Il est nécessaire d’adopter une perspective plus complexe fondée sur la notion de continuum rural-urbain, qui prend en considération tant le degré de connectivité entre les personnes que les différents types de lien entre les zones urbaines et les zones rurales», préconise encore le rapport selon lequel il y a lieu de guider les interventions publiques, les mesures et les investissements par une connaissance profonde des relations complexes et évolutives entre le continuum rural-urbain et les systèmes agro-alimentaires.

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