Le chef suprême des talibans a ordonné hier l’interdiction de la culture du pavot en Afghanistan, et averti que les autorités détruiraient toutes les plantations qu’elles découvriraient et puniraient les responsables.
L’Afghanistan est de loin le premier producteur mondial de pavot, dont sont extraits l’opium et l’héroïne. La production et les exportations ont considérablement augmenté au cours des dernières années.
«Tous les Afghans sont informés que désormais, la culture du pavot est strictement interdite dans tout le pays», indique un décret émis par le dirigeant suprême des talibans Hibatullah Akhundzada.
«En cas de violation du décret, la culture sera immédiatement détruite et le coupable traité selon la sharia», ajoute le texte, lu devant un groupe de journalistes, diplomates étrangers et responsables talibans par le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid.
Ce n’est pas la première fois que les talibans disent interdire le pavot. La culture de la fleur avait été prohibée en 2000, quelques mois avant que le régime fondamentaliste ne soit renversé par la coalition internationale menée par les Etats-Unis en réaction aux attentats du 11 septembre 2001.
Pendant leurs vingt ans de guérilla contre les forces étrangères, les talibans ont lourdement taxé les producteurs de pavot dans les régions sous leur contrôle, ce qui est devenu une importante source de revenus pour eux.
Pendant leur présence en Afghanistan, les Etats-Unis et leurs alliés de l’Otan ont tenté de réduire la culture du pavot et d’inciter les paysans à produire du blé ou du safran à la place.
Des initiatives qui ont échoué, alors que les talibans contrôlaient les principales zones de production de pavot. Le vice-Premier ministre taliban, Abdul Salam Hanafi, a nié dimanche que son mouvement ait favorisé la culture du pavot pendant les vingt ans d’insurrection.
«Comment se fait-il alors que les exportations vers le monde entier aient continué alors qu’ils (les forces américaines et alliées) avaient le contrôle total de l’Afghanistan ?», a-t-il déclaré.
Entre 80% et 90% de l’héroïne et de l’opium dans le monde provient d’Afghanistan, selon l’ONU. La superficie consacrée à cette culture a atteint un record en 2017 avec 250.000 hectares, environ quatre fois plus que dans le milieu des années 1990.