C’est la deuxième fois que notre ambassadeur en France est rappelé en consultation après l’exfiltration rocambolesque de la ressortissante algérienne sous effet d’interdiction de sortie du territoire national (ISTN), à cause des nombreux procès qu’elle traîne ces dernières années. La première fois, notre représentant diplomatique en France a été rappelé à cause de propos jugés intempestifs et déplacés du président Macron sur l’Algérie et les Algériens, par lesquels il avait prétendu que le «système algérien était fatigué», il y a de cela plus d’un an. Colère d’Alger, mais immédiatement après, Paris prône un malentendu et que les propos du chef de l’Etat français étaient sortis de leur contexte. S’ensuivit une période d’accalmie animée par une politique de petits pas diplomatiques par lesquels Emmanuel Macron réussit à démontrer sa bonne foi de remettre sur les rails des relations franco-algériennes à chaque fois égratignées par les agissements inconsidérés, très irrévérencieux et à la limite provocants du locataire de l’Elysée. Ainsi vont donc les relations en dents de scie entre les deux pays, souvent endommagées par l’animosité déclarée du président Macron et parfois de certaines personnalités de la classe politique française. Après la visite de celui-ci à Alger et Oran, suivie de sa Première ministre avec, dans son sillage, un aéropage ministériel de haut rang, voilà que ces relations viennent quelquefois à être altérées par des déclarations impromptues de fonctionnaires en retraite, de vieux chevaux de retour (Bajolet, Driencourt, etc.), réactivités par des forces profondes au sein du pouvoir français pour faire dans l’insulte de bas étage contre notre pays et son gouvernement. Ou encore des attitudes diplomatiques ou consulaires très décalées qui mettent à mal les usages de relations loyales et sereines entre les deux pays, comme cela a été le cas mercredi dernier.
PRESSIONS DE L'AMBASSADE DE FRANCE À TUNIS
Après l’exfiltration de l’activiste de gauche et non moins provocatrice Amira Bouraoui, qui était en Tunisie, sous écrou extraditionnel vers l’Algérie, la pression exercée par l’ambassade de France (donc par la France officielle) sur le ministère des Affaires étrangères du gouvernement légitime tunisien pour la voir prendre le vol vers Lyon est simplement abjecte, innommable et loin des usages de respect de la souveraineté de deux pays voisins et frères. Même en ayant un passeport français, elle ne pouvait le faire valoir dans la mesure où Amira Bouraoui n’était pas régulièrement passée par les postes de police terrestres algérien et tunisien. En plus clair, elle aurait traversé la frontière séparant les deux pays clandestinement. C’est déjà là une première infraction que la PAF de l’aéroport Tunis Carthage a détectée et a donc refusé à cette dernière d’embarquer. C’est là qu’interviennent des membres des services consulaires (l’avaient-ils accompagnée à l’aéroport afin de l’assister ?) pour forcer les autorités aéroportuaires tunisoises de «tolérer» l’embarquement d’Amira Bouraoui sur le vol Tunis-Lyon. On apprendra que c’est tout le Quai d’Orsay qui s’était mobilisé pour porter secours à cette dernière. Le Quai d’Orsay est d’ailleurs passé maître dans l’art d’exfiltrer ses ressortissants.
Rappelons-nous de Carlos Ghosn, le tout-puissant patron de Renault Nissan (consortium franco-japonais) qui a eu maille à partir avec la justice japonaise pour une histoire de détournement et de corruption, et à qui il a été fabriqué un passeport libanais pour le voir s’établir impunément à Beyrouth. Et ce n’est pas le seul exemple…
Avec le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France et la protestation de la partie algérienne (restée lettre morte), un contentieux, un de plus, s’est incrusté dans les relations rendues tumultueuses par le pouvoir français. Ce n’est rien de plus qu’une immixtion dans les affaires internes de notre pays concernant l'exfiltration clandestine d’une justiciable algérienne poursuivie et condamnée sur le territoire national par la justice algérienne. Il semblerait que cette dernière va lancer, via Interpol, à l’égard d’Amira Bouraoui un mandat d’arrêt international. Selon certains proches des observateurs, cette affaire d’exfiltration de l'activiste algérienne, qui se trouvait en liberté provisoire, intervient quelques jours après une autre affaire moins médiatisée mais qui renseigne sur les mauvaises dispositions des autorités françaises à l'égard des demandes d'extradition de la justice algérienne.
Il s’agit de l’affaire d’un autre Algérien qui a été condamné par la justice de son pays et qui est recherché par Interpol. Malgré la solidité du dossier du journaliste et youtubeur Abdou Semmar, transmis par la justice algérienne ainsi que des mandats d’arrêt internationaux à son égard. Après deux années de tergiversations, les autorités judiciaires algériennes ont reçu un courrier des plus laconiques du parquet de Paris. Celui-ci annonce qu’il ne peut donner suite à la requête algérienne, car les services de sécurité français «ne trouvent pas l’adresse de Abdou Semmar». Ce dernier, de l'avis de ses actes d'accusation, et «un maître-chanteur qui fait dans l’extorsion de fonds». Il serait protégé par le Maroc et Israël, dit-on, à qui il offre ses services ainsi qu'aux services français. Abdou Semmar, Amira Bouraoui et d’autres constituent, selon les réseaux sociaux les incriminant, «la 5e colonne». Ils ont été mis au-devant de la scène en 2019, par le ministre français des Affaires étrangères à cette période, pour demander l'instauration d'une période de transition dangereuse pour la stabilité en Algérie. Un responsable, qui a requis l'anonymat, a déclaré : «Voilà ceux qui étaient contre les élections de 2019 et qui réclamaient une période de transition, qui devait être dirigée par des personnes élevées dans la couveuse de la France.»