Administration de la Bande de Ghaza selon le plan du «Jour d’après» : Des factions palestiniennes s’y opposent fermement

08/01/2024 mis à jour: 00:36
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Photo : D. R.

Les projets de l’occupant israélien visant à établir une administration politique sous des appellations civiles pour gérer Ghaza «échoueront face à la fermeté du peuple palestinien».

Quatre factions palestiniennes se sont opposées au plan d’administration de la Bande de Ghaza dit du «Jour d’après», présenté jeudi en conseil de sécurité israélien par le ministre de la Défense, Yoav Gallant. Le plan qui trace principalement les contours politico-sécuritaires de l’après-agression israélienne, contre les populations civiles de Ghaza, prévoit, entre autres, la mise en place de comités locaux palestiniens pour administrer l’enclave.

Dans une déclaration commune, rendue publique samedi soir et diffusée par Al Jazeera, les factions palestiniennes ont indiqué que les projets de l’occupant israélien visant à établir une administration politique sous des appellations civiles pour gérer Ghaza «échoueront face à la fermeté du peuple palestinien et de la résistance».

Le Hamas, le Jihad islamique, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique (FDLP), réunis au sein du «Comité de suivi des forces nationales et islamiques», ont estimé que cette démarche traduit l’«échec» de l’agression israélienne contre Ghaza.

«(…) L’échec de l’agression a amené l’occupant à anticiper le résultat de la guerre en prétendant former une administration civile pour la Bande de Ghaza sous son contrôle», a rapporté la même source. Les factions ont ajouté que l’occupant vise, par ce biais, à imposer à Ghaza une «réalité gérée par elle et par ceux qui sont soumis à ses diktats» et que la création de structures civiles ou tribales locales «n’aboutira pas».

Elles ont aussi fait savoir qu’Israël cherche, à travers ce plan, à «liquider la cause palestinienne et à pousser à l’exil [notre] peuple». Les factions suscitées ont, en outre, averti que toute réponse qui sera donnée à ces propositions constituera «une trahison nationale» que «personne n’admettra», tout en rappelant que la gestion de Ghaza est une affaire exclusivement palestinienne.

Aucun rôle pour l’Autorité palestinienne

La presse israélienne a, rappelons-le, pris connaissance du plan du «Jour d’après » avant la tenue de la réunion du Conseil de sécurité à l’occasion d’une conférence de presse animée par Gallant. Ce plan prévoit, dans un premier temps, la mise en place de comités locaux palestiniens «non hostiles à Israël et dans l’incapacité d’agir contre lui», qui seront affectés à la gestion des affaires civiles à Ghaza, selon la chaîne I24 News.

La désignation des membres des comités locaux «devra être approuvée par Israël», est-il précisé. Le plan ne prévoit pas cependant une réimplantation juive dans le territoire, comme voulu par les partis religieux et d’extrême droite du gouvernement Netanyahu. Toujours selon I24 News, le plan inclut, dans un second temps, une coalition de pays arabes «modérés» ainsi que les Etats-Unis et l’Europe qui assumera la responsabilité de la reconstruction du territoire de Ghaza.

Le média israélien a, en outre, révélé que l’occupant sioniste conservera, selon ledit plan,  la capacité d’opérer militairement dans la Bande de Ghaza «sans restriction». Autre aspect du plan du «Jour d’après» : un dispositif particulier pour resserrer l’étau sur le terminal de Rafah à la frontière avec l’Egypte, «truffé de tunnels de contrebande du Hamas», a souligné Gallant. Il a, en ce sens, indiqué qu’ «une opération conjointe serait menée par Israël et l’Egypte en coopération avec les Etats-Unis, pour assurer l’isolement efficace de la frontière entre Ghaza et l’Egypte (…)».

L’axe Philadelphie

D’ailleurs, les responsables de la sécurité israéliens et égyptiens se seraient rencontrés au moins quatre fois au cours des deux dernières semaines pour discuter de l’après-agression et de l’avenir de l’axe de Philadelphie, à la frontière entre Ghaza et l’Egypte, selon le média qatari Al Araby Al Jadeed.

Selon une source égyptienne proche des négociations, les discussions portent sur une proposition israélienne visant à relancer une partie des accords de Camp David de 1978, concernant des arrangements sécuritaires renforcés le long de la frontière de Ghaza avec la péninsule du Sinaï.

Ces dispositions comprennent l’installation de capteurs souterrains le long de la frontière, afin de détecter les tunnels de contrebande longeant le site, ainsi que l’extension des tours de guet, l’installation de caméras de surveillance avancées et l’éclairage de toute la bande frontalière.

Les termes de ces négociations sont, selon le média qatari, «en accord avec le plan pour la Bande de Ghaza post-Hamas» présenté par Gallant. L’axe de Philadelphie est une étroite bande de terre de 14 kilomètres de long, située le long de la frontière entre l’Egypte et la Bande de Ghaza.

En vertu des dispositions du traité de paix entre l’Egypte et Israël de 1979, elle avait été établie comme une zone tampon contrôlée par les forces israéliennes. Mais après le désengagement unilatéral d’Israël de la Bande de Ghaza en 2005, l’accord de Philadelphie a été conclu avec l’Egypte, autorisant celle-ci à déployer 750 gardes-frontières pour patrouiller le long de la frontière du côté égyptien. Le côté palestinien de la frontière était, lui, contrôlé par l’Autorité palestinienne jusqu’à la prise de pouvoir du Hamas en 2007.

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