Les agriculteurs sont de plus en plus confrontés aux pénuries d’eau dues à la sécheresse. Comment développer une agriculture résiliente au dérèglement climatique qui permet, à la fois, d’assurer l’autosuffisance alimentaire et la préservation de la biodiversité ?
Les systèmes de production agricole doivent absolument être adaptés à la sécheresse. Pour l’heure, les agriculteurs s’en sortent avec des mesures d’urgence, comme une intensification de l’irrigation en puisant des eaux souterraines. Il s’agit, tout d’abord, d’assurer la couverture des besoins en eau dans les régions où sont cultivés essentiellement des fruits et légumes dont la production nécessite une irrigation intensive.
Les associations d’agriculteurs demandent que l’agriculture puisse davantage puiser dans les eaux souterraines pendant les périodes de sécheresse. Les exploitations sont de plus en plus raccordées à la nappe phréatique. D’après les modélisations, les besoins devraient ainsi être couverts même les jours de forte consommation.
Mais jusqu’à quand ce recours forcé et intense aux eaux souterraines qui risquent dangereusement de disparaître ? La plupart des agriculteurs sont conscients que cette démarche ne peut pas constituer une solution durable. Comment les agriculteurs doivent-ils trouver des solutions pérennes ?
Les agronomes plaident pour une diversité de solutions permettant d’adapter l’agriculture à la sécheresse. Le secteur agricole a besoin d’un instrument de planification lui permettant de s’adapter à la sécheresse. La première des planifications consiste en la réutilisation des eaux usées épurées dans l’irrigation agricole. En la matière, le ministère de l’Hydraulique a lancé un plan dédié à la valorisation des eaux épurées au niveau des grands périmètres irrigués.
L’autre levier est l’adoption de systèmes d’irrigation plus économes en eau, tels que l’arrosage goutte à goutte. Ces dispositifs sont cependant coûteux et leur installation ainsi que leur retrait demandent beaucoup de travail. Jusqu’à présent, ils ne sont pas largement utilisés sur de grandes surfaces. Les agronomes plaident aussi pour une adaptation du calendrier des semis et des plantations et la révision du choix des cultures et des variétés plantées. Les agriculteurs finiront-ils tôt ou tard par se tourner vers d’autres variétés moins gourmandes en eau ?
L’adaptation au changement climatique a toujours fait partie du métier d’agriculteur. Les agronomes recommandent, par exemple, l’utilisation de techniques qui limitent l’évaporation, à l’image des engrais verts, appelés aussi couverts végétaux qui enrichissent le sol, mais aussi y maintiennent un certain taux d’humidité. Ces couverts végétaux permettent d’augmenter la porosité et d’infiltrer plus d’eau.
La résistance à la sécheresse nécessite aussi la plantation de variétés de plantes moins gourmandes en eau et friandes de chaleur. Même si la plante idéale qui résiste à la sécheresse, tout en ayant un haut rendement, n’a pas encore été trouvée, des agriculteurs expérimentés soulignent la résistance du sorgho, du blé dur et du tournesol. La diversité d’espèces cultivées permet également de faire face aux risques.
Enfin, il faudra également solliciter la recherche. La numérisation, en particulier, recèle un grand potentiel. Elle permettrait, par exemple, de gérer l’irrigation de façon plus économe en eau. Des capteurs placés dans le sol mesureraient l’humidité en continu et des modèles de prévision calculent les besoins de façon précise.