Accord Éthiopie-Somaliland : La Somalie rappelle son ambassadeur à Addis-Abeba

03/01/2024 mis à jour: 02:53
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Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud à Mogadiscio - Photo : D. R.

Le texte signé lundi «permettra à l’Ethiopie de disposer d’une base militaire et d’une zone maritime commerciale», a affirmé le même jour Redwan Hussein, conseiller à la sécurité de Abiy Ahmed, évoquant le port commercial de Berbera et une localité située plus à l’Ouest, Lughaya.

La Somalie a annoncé, hier, qu’elle défendrait sa souveraineté par «tous les moyens légaux» et rappelé son ambassadeur en Ethiopie, au lendemain d’un accord signé entre la région séparatiste du Somaliland et le gouvernement d’Addis-Abeba, offrant à ce dernier un accès maritime, rapporte l’AFP.

Mogadiscio a qualifié d’«agression» et de «violation flagrante» de sa souveraineté ce texte qui prévoit d’accorder à l’Ethiopie 20 kilomètres d’accès à la mer Rouge, notamment dans le port de Berbera, pour une durée de 50 ans.

En échange, «l’Ethiopie va formellement reconnaître la République du Somaliland», s’est félicité, lundi, Muse Bihi Abdi, le dirigeant de ce territoire jamais reconnu par la communauté internationale depuis qu’il a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991.

Ce «mémorandum d’accord» a été signé alors que la Somalie et le Somaliland ont convenu la semaine dernière de reprendre des négociations pour résoudre leurs différends, après des années de tension et de blocage.

«Le Somaliland fait partie de la Somalie, en vertu de la Constitution somalienne (...) la Somalie considère cette mesure comme une violation flagrante de sa souveraineté et de son unité», a réagi le gouvernement somalien dans un communiqué, s’opposant à un texte «nul et non avenu».

Il a également annoncé le rappel de son ambassadeur en Ethiopie «pour consultation». Devant le Parlement réuni en urgence, le Premier ministre Hamza Abdi Barre a assuré que Mogadiscio défendra son intégrité territoriale «par tous les moyens légaux possibles».

«Je n’accepterai pas qu’on nous enlève un morceau de notre terre», a également déclaré le président Hassan Cheikh Mohamoud aux parlementaires, dénonçant un texte «en violation des lois internationales».

Qualifié d’«historique» par les deux signataires, l’accord offre à l’Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, un accès maritime qu’elle cherchait et revendiquait depuis des années.

«Agenda expansionniste»

Le 13 octobre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a réaffirmé dans un discours télévisé que «l’existence de l’Ethiopie en tant que nation (était) liée à la mer Rouge», que son pays a besoin d’un port et que la «paix» dans la région dépendait d’un «partage mutuel équilibré» entre l’Ethiopie, enclavée, et ses voisins de la Corne de l’Afrique ayant accès à la mer Rouge, citant Djibouti, Erythrée et Somalie.

Face aux craintes suscitées par ces déclarations, il a toutefois assuré qu’il «ne fera(it) jamais valoir ses intérêts par la guerre». L’Ethiopie n’a plus d’accès maritime propre depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993.

Elle a bénéficié d’un accès au port érythréen d’Assab qu’elle a perdu lors du conflit entre les deux pays entre 1998 et 2000.

Addis-Abeba dépend désormais du port de Djibouti pour ses exportations et importations. Le texte signé lundi «permettra à l’Ethiopie de disposer d’une base militaire et d’une zone maritime commerciale», a affirmé le même jour Redwan Hussein, conseiller à la sécurité de Abiy Ahmed, évoquant le port commercial de Berbera et une localité située plus à l’Ouest, Lughaya.

Berbera, port géré par le géant émirati de la logistique DP World, est situé sur la côte méridionale du golfe d’Aden, carrefour commercial majeur à l’entrée de la mer Rouge qui mène au canal de Suez.

La Somalie a appelé l’ONU, l’Union africaine, la Ligue arabe et  l’organisation régionale d’Afrique de l’Est, Igad, entre autres, «à défendre le droit de la Somalie de défendre sa souveraineté et de forcer l›Ethiopie à adhérer aux lois internationales».

Les islamistes shebab, groupe affilié à Al-Qaïda qui mène depuis 2007 une  insurrection contre le gouvernement fédéral somalien, ont également condamné l’accord et «l’agenda expansionniste d’Abiy Ahmed», dans un communiqué.

Ancien territoire britannique, le Somaliland a unilatéralement déclaré, en 1991 son indépendance de la Somalie, alors que ce pays plongeait dans un chaos dont il n’est toujours pas totalement sorti.

S’il dispose de ses propres institutions et bat monnaie, le Somaliland, qui compte 4,5 millions d’habitants, n’a jamais vu son indépendance reconnue par la communauté internationale.

Les autorités somaliennes et du Somaliland ont annoncé la semaine dernière des pourparlers sous la médiation du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, les premiers de ce genre depuis l’échec des dernières discussions en 2020.

 

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