L’Union européenne est apparemment prête à «revoir» l’accord d’association la liant à Algérie, comme le réclament les autorités algériennes depuis un moment déjà. «Nous avons considéré que l’accord d’association est un cadre devant donner lieu à des améliorations avec la volonté, de part et d’autre, d’identifier les priorités conjointes dans l’intérêt mutuel», a déclaré, lundi en fin de journée, le président du Conseil européen, Charles Michel, en visite d’une journée en Algérie.
Celui-ci s’est, en outre, dit «extrêmement optimiste» de développer «plus fortement et de manière plus déterminée, un partenariat qui débouche sur des résultats concrets et tangibles pour les citoyens de l’Algérie et de l’Union européenne».
Au mois d’octobre dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait donné instruction, lors d’une réunion du Conseil des ministres, «à l’effet de revoir les dispositions de l’accord d’association avec l’Union européenne, clause par clause, en fonction d’une vision souveraine et d’une approche gagnant-gagnant, en tenant compte de l’intérêt du produit national en vue de créer un tissu industriel et des emplois». Jugé désavantageux, la partie algérienne a souvent mis en exergue notamment le déséquilibre, sur le plan commercial, l’absence d’investissements directs étrangers (IDE) venant des pays de l’Union européenne, ou même le respect des clauses relatives à la libre circulation des personnes.
Ceci sans oublier le risque que représente pour les opérateurs économiques nationaux un démantèlement tarifaire complet comme stipulé dans l’accord, chose d’ailleurs qui n’a pu être mise en application.
Livraisons de gaz
De 2005, année d’entrée en vigueur de l’accord, à 2015, c’est-à-dire sur une décennie, le cumul des exportations algériennes vers l’UE, hors hydrocarbure, n’a pas atteint 14 milliards de dollars, alors que dans le sens opposé (cumul des importations) le chiffre était de 220 milliards de dollars.
D’où les incessantes demandes de la partie algérienne de renégocier les clauses de l’accord. Si jusque-là, il n’a pas eu de répondant de la part de l’Union européenne, aujourd’hui, le contexte géopolitique international aidant, il semble que les choses ont évolué.
Conséquence de la crise russo-ukrainienne, l’Europe a grandement besoin de diversifier ses sources d’approvisionnement en produits énergétiques, principalement le gaz. Et il est tout à fait normal que l’Union européenne se tourne vers l’Algérie qui, d’ailleurs, approvisionne déjà deux pays, en l’occurrence l’Espagne et l’Italie, via des gazoducs. Avec ce dernier, il a même été convenu, au mois de juillet dernier à l’occasion de la visite à Alger du Premier ministre italien, Mario Draghi, de porter à la hausse le volume des livraisons. «Nous avons considéré que dans les circonstances internationales que l’on connaît, la coopération énergétique est évidemment essentielle, et nous voyons dans l’Algérie un partenaire fiable, loyal et engagé», a déclaré, à cet effet, le président du Conseil européen, à l’issue de l’entretien qu’il a eu avec le chef de l’Etat algérien.
En somme, si l’UE a grandement besoin, dans le contexte actuel, du gaz algérien, il serait évident qu’elle doit démontrer sa volonté de partager «une ambition commune de donner un nouvel élan à la qualité des relations entre l’Algérie et l’UE», pour reprendre les propos de Charles Michel. Et cela passe nécessairement par la «révision» de l’accord d’association liant l’UE à l’Algérie.