L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf, 74 ans, a été élu jeudi, sans grande surprise, secrétaire perpétuel de l'Académie française face à son ami Jean-Christophe Rufin.
Vingt-quatre voix se sont portées sur sa candidature, contre huit pour son concurrent, a indiqué à l'AFP un membre de la commission administrative de l'Académie française. Le secrétaire perpétuel est le membre qui dirige cette institution chargée de défendre et promouvoir la langue française. Il n'y a eu que 32 personnes pour occuper ce poste depuis 1635. Il était vacant depuis le décès en août de l'historienne Hélène Carrère d'Encausse qui l'occupait depuis 1999.
Cette spécialiste de la Russie n'avait pas à proprement parler désigné de dauphin. Mais Amin Maalouf, prix Goncourt 1993 pour Le Rocher de Tanios, paraissait son successeur le plus naturel.
Sa personnalité fait l'unanimité, il est très impliqué dans les activités de l'institution où il a été élu en 2011. «Vous êtes, en effet, un homme d'une exquise politesse et qui manifeste en toute occasion beaucoup d'égards pour ceux à qui il s'adresse», louait, lors de sa réception à l'Académie, en 2012, un certain Jean-Christophe Rufin. Car ce rival à l'élection est un ami.
L'ancien diplomate de 71 ans et prix Goncourt 2001 (Rouge Brésil), a été élu académicien en 2008. Il était ravi d'accueillir un homme dont il disait : «J'ai parfois l'impression que nos rêves ont fait de nous plus que des amis. Des frères.»
Ce second candidat a beaucoup hésité. Il a même laissé croire qu'il avait renoncé, avant de se lancer. Jean-Christophe Rufin trouvait frustrant qu'une institution qui se targue d'être de plus en plus moderne passe à côté de cet exercice de démocratie. «C'est la Corée du Nord», déclarait-il, cité samedi par le magazine M du journal Le Monde.