Ancien émir du terrorisme, Abou Oubeida Youcef El Annabi est issu du noyau dirigeant du GSPC et successeur de Abdelmalek Droukdel, chef historique du groupe terroriste, abattu par l’armée algérienne. Cet entretien réalisé par Olivier Dubois, journaliste français d’origine martiniquaise, spécialiste du Sahel, survient juste après la visite du président français, Emmanuel Macron, dans certains pays africains de l’Afrique centrale en proie à la menace terroriste. On peut s’interroger si cette interview surprise ne s’inscrit pas dans une manœuvre politique française destinée aux dirigeants des pays du Sahel pour les dissuader de quitter le giron français face au danger terroriste. Il s’agit de leur délivrer le message que seule la France est en mesure de contrer les terroristes, lesquels ne sont pas encore éliminés et entendent le réinvestir, d’où la médiatisation de cet appel de Abou Obeida Youcef El Annabi.
Déclarée indésirable au Mali et au Burkina Faso, la France est restée une dizaine d’années au Sahel, précisément au Mali, Niger, Burkina Faso et en République centrafricaine, sans résultats tangibles. Paris a souvent payé des rançons aux terroristes pour libérer des otages français. «S'agissant d'Abou Obeida Al Annabi, il a visé essentiellement l’Algérie qu'il a décrite comme cible majeure d’Al Qaîda au Maghreb islamique.» C’est ce que rapporte le journaliste de France 24. Les propos de l'émir terroriste peuvent bien être un coup de bluff, comme ils peuvent s’inscrire dans une opération psychologique de l’organisation visant à rappeler qu’elle existe encore, après tous les coups portés par les forces armées algériennes.
Mais l'expérience montre qu'il ne faut jamais sous-estimer leurs déclarations et leurs menaces qui, cette fois-ci, s'étendent aux pays du Sahel et à ceux du golfe de la Guinée, qui comprend le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon et Sao Tomé-et-Principe.
Des incursions terroristes sont régulièrement enregistrées en territoire algérien, un grand nombre d’entre elles interceptées par les forces armées extrêmement vigilantes aux frontières, tant du Sud que de l’Ouest. L’ANP capitalise dans ce domaine une expérience de plusieurs décennies, reconnue internationalement y compris par les Etats-Unis. Sur le dossier du terrorisme précisément, ils viennent une nouvelle fois de se positionner à la faveur de la visite à Alger de la sous-secrétaire d'Etat américaine au Contrôle des armements et à la Sécurité internationale, Bonnie Denise Jenkins. Dans une déclaration à la presse à l'issue de l'audience que lui a accordée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au siège de la présidence de la République, Mme Jenkins a affirmé que «les Etats-Unis sont reconnaissants pour les efforts inlassables de l'Algérie en faveur de la paix et la sécurité dans la région», que le partenariat entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme «demeure fort à la faveur de notre action bilatérale commune, côte à côte, en vue de soutenir la paix et la prospérité dans la région».
Depuis les années 1990, l’ANP s’est totalement adaptée aux dangers venant soit du terrorisme interne ou des incursions externes, soit de pays étrangers, notamment frontaliers. Elle est constamment en entraînement militaire et a bénéficie de budgets conséquents. Le rapport 2023 de la base de données mondiales consacrée aux affaires militaires, Global Firepower, classe l’armée algérienne au 2e rang africain des puissances militaires. Dans le monde arabe, les forces armées nationales arrivent à la 3e place du classement, derrière l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Au niveau mondial, elles occupent le 26e rang. Le rapport comprend 145 pays. Pour établir son classement, il se base sur un ensemble de 60 critères. Ces derniers concernent, entre autres, le total des effectifs, les équipements des forces terrestres, aériennes et navales, le budget de la défense ; mais aussi la superficie du pays, ses frontières communes, ses capacités logistiques, ses ressources naturelles (pétrole, gaz, charbon), etc. A. B .