Intervenant hier soir sur le plateau de la chaîne privée, El Watania TV, Abdelaziz Rahabi a insisté sur le fait que l’Algérie «n’a jamais eu un processus politique stable qui débouche sur des décisions politiques en phase avec l’évolution de la société».
L’ex-ministre de la Communication et ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, plaide pour l’instauration de la culture du dialogue, comme un moyen permettant à l’Algérie de sortir de la spirale des crises politiques qui la rythme depuis l’indépendance. «Il faut souligner que l’ouverture politique en Algérie n’était pas le fruit du hasard ou le fruit d’intelligence du pouvoir en place. Le pluralisme était une réponse à une demande de la rue algérienne (…).
Malheureusement, toutes les ruptures enregistrées en Algérie étaient violentes, à commencer avec le colonialisme français, le coup d’Etat contre Ben Bella, la tentative de coup d’Etat contre Boumediene, les événements de Kabylie en 1980, les événement d’Octobre 1988, la décennie noire et le hirak», détaille-t-il. Intervenant hier soir sur le plateau de la chaîne privée, El Watania TV, il insiste sur le fait que l’Algérie «n’a jamais eu un processus politique stable qui débouche sur des décisions politiques en phase avec l’évolution de la société».
Selon lui, cette situation est aussi la conséquence de la pratique politique en Algérie axée, principalement, sur l’accentuation des divergences, au lieu de travailler sur les points consensuels. Insistant sur le respect des libertés dans le pays, Abdelaziz Rahabi regrette le fait qu’en Algérie, la vie et l’activité politiques restent otages des rendez-vous électoraux.
«Or, les débat sur les questions principales qui intéressent tous les Algériens doivent être permanents et pendant toute l’année», indique-t-il. Evoquant la prochaine élection présidentielle, il rappelle que les taux de participation relativement bas enregistrés par le passé ont un lien avec la crédibilité du processus électoral.
«Les points faibles de l’Algérie»
Abordant la question palestinienne et l’attitude de la communauté internationale, Abdelaziz Rahabi estime que «la cause a enregistré un saut qualitatif avec la mobilisation des opinions publiques américaines et occidentales, en sa faveur». Concernant les relations algéro-marocaines, Abdelaziz Rahabi livre aussi sa lecture.
Selon lui, «on ne peut pas faire une comparaison entre les deux pays». «Le Maroc a des frontières avec seulement deux pays, en l’occurrence l’Algérie et le Sahara occidental. Ce n’est pas le cas pour l’Algérie qui partage des frontières avec 7 pays. Cette situation, lui impose des responsabilités. Et celles-ci deviennent plus lourdes, lorsqu’on sait que certains pays ont des armées faibles. L’Armée algérienne doit être mobilisée en permanence», dit-il.
Afin de se prémunir, ajoute-t-il, l’Algérie a besoin «d’une armée puissante, d’une économie et d’un système médiatique forts». «Mais les points faibles de l’Algérie sont son économie et son système médiatique. Ce dernier est carrément absent, notamment dans la région du Sahel et en Afrique», déplore-t-il. «Nous n’avons pas une force médiatique», enchaîne-t-il, précisant que le «Sahel devient une arène où s’affrontent toutes les puissances mondiales».
Evoquant la relation algéro-française, Abdelaziz Rahabi développe une autre approche concernant le traitement du dossier de la mémoire. «Je ne crois pas à l’existence d’une mémoire commune avec la France. Je ne suis pas partisan de l’écriture commune de l’histoire.
Il ne peut y avoir une mémoire commune entre le bourreau et la victime. A chacun sa mémoire. Le colonisateur a son histoire et nous, en tant que colonisés, avons notre mémoire», souligne-t-il, précisant, cependant, que la France et l’Algérie «peuvent travailler ensemble, en tant qu’Etats, sur les questions d’intérêt commun».