A Rafah, feu de bois et de plastique pour tenter de résister au froid

16/01/2024 mis à jour: 07:06
AFP
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Des enfants palestiniens déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, autour du feu dans une tente d'un camp de fortune à Rafah, à la pointe sud du territoire palestinien, le 14 janvier 2024 AFP -

De la fumée et une odeur âcre émanent du feu que la famille d’Ismaïl Nabhane a allumé avec du bois et du plastique. A Rafah, dans le sud de Ghaza balayé par les vents, des Palestiniens déplacés par la guerre tentent de se réchauffer.

L’homme de 60 ans partage avec 28 enfants et petits-enfants un abri de fortune de tissus et de bâches. Leur tente est plantée dans le sol sablonneux à quelques centaines de mètres de la Méditerranée, à la frontière avec l’Egypte. Selon l’ONU, 1,9 des 2,4 millions d’habitants du territoire palestinien assiégé ont été déplacés, chassés depuis le 7 octobre de chez eux par les combats et les bombardements.

«Il y a deux jours, un vent fort soufflait, nous avons essayé toute la nuit d’attacher le nylon. Nous vivons dans un désert et la mer est devant nous, ça amplifie le froid», décrit Ismaïl Nabhane à une journaliste de l’AFP.

Pour tenter de se réchauffer, ces déplacés alimentent un petit feu sous la tente. La fumée et le plastique qui se consument «brûlent nos poumons», se désole son épouse, Raidah Aouad. A ses côtés, un enfant tousse. «Les enfants sont sans cesse malades. Ils n’arrêtent pas de tousser et d’être enrhumés, leurs vêtements ne sont pas suffisamment épais pour les réchauffer», poursuit la quinquagénaire. Elle raconte aussi qu’ils doivent partager une couverture pour trois.

«On gèle»

Raïdah Aouad a demandé à son fils d’aller chercher du bois, mais les fortes pluies de ces derniers jours l’ont rendu humide et il faudra des jours pour qu’il sèche. Ailleurs, ces précipitations ont provoqué des inondations dans la Bande de Ghaza, selon l’Ocha, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

«La situation est tragique», résume Mme Aouad qui a dû fuir son domicile dans le centre du territoire de 360 km2. Les basses températures aggravent la précarité et l’épuisement après trois mois d’intenses bombardements menés par l’armée israélienne. Selon l’ONU, la famine menace également.

Lundi trois de ses agences ont alerté sur l’importante insécurité alimentaire et demandé à Israël d’autoriser l’accès à son port d’Ashdod pour acheminer l’aide humanitaire. «Je n’ai rien pour couvrir ma fille, je ne peux vous décrire combien il fait froid, on gèle dehors, regardez comment on dort par terre», témoigne Hanine Adouane, 31 ans, déplacée du camp de réfugiés de Nousseirat (centre).

La pluie en plus du froid 

Rien d’autre non plus que du plastique à faire brûler, le bois de chauffage est hors de prix pour elle, assure-t-elle. «La nuit, j’ai l’impression que nous allons mourir de froid», lâche Hanine Adouane, les traits tirés. Elle superpose trois fins matelas pour essayer de s’isoler du froid du sol. A proximité, Khaled Farajallah, 36 ans, prépare du pain dans un coin de sa tente, bonnet sur la tête, manches retroussées.

Ce déplacé de la ville de Ghaza (nord) est terrifié par les frappes aériennes. Depuis le début de la guerre, au moins 24 100 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tués dans la Bande de Ghaza par les opérations militaires et bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas.

En outre, 60 834 personnes ont été blessées et de nombreuses autres restent ensevelies sous les décombres selon la même source. «Chaque nuit, j’allume le feu à l’intérieur de la tente pour me réchauffer, car j’ai peur que les avions israéliens nous bombardent si le feu brûle à l’extérieur», assure Khaled Farajallah, père de six enfants. Et il en est convaincu aussi : «Les gens mourront s’il pleut fort, ils ne supporteront pas le froid.» Non loin, des enfants frottent leurs petites menottes au-dessus de braises rougeoyantes.
 

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