Les ministres des Affaires étrangères estonien, letton et lituanien ont annoncé hier qu’ils ne participeraient pas à une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) cette semaine à Skopje, en Macédoine du Nord, en raison de la présence attendue du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, rapporte l’AFP.
Les ministres ont «décidé de ne pas assister» à la rencontre, estimant que la participation de S. Lavrov «risque de légitimer l’agresseur qu’est la Russie en tant que membre à part entière de notre communauté de nations libres», selon un communiqué commun.
L’Ukraine a elle aussi déclaré mardi qu’elle n’assisterait pas à cette réunion. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères «Dmytro Kouleba boycottera la réunion ministérielle de l’OSCE à la suite de la décision d’autoriser Lavrov à y participer», a indiqué le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko.
Ces déclarations interviennent au lendemain de l’annonce par la Bulgarie de l’autorisation qu’elle accordera à l’avion transportant S. Lavrov de survoler son espace aérien afin qu’il puisse se rendre à la réunion de l’OSCE dans la capitale macédonienne, et ce en dépit des sanctions européennes frappant la Russie pour son intervention en Ukraine déclenchée en février 2022. Selon le ministre estonien des Affaires étrangères Margus Tsahkna, «la Russie profitera de cette occasion pour diffuser sa propagande et saper l’unité de l’Occident». «Le fait est que pendant que la réunion de l’OSCE se déroule à Skopje, la machine de guerre russe attaque des Ukrainiens innocents et déporte des enfants sans sourciller», a-t-il ajouté, déclarant que «la place de M. Lavrov est dans un tribunal spécial, pas à la table de l’OSCE».
En 2022, la Pologne, qui organisait la réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a refusé l’entrée sur son territoire au ministre russe. Les origines de l’OSCE remontent à la guerre froide, lorsque les deux blocs ennemis occidental et soviétique se sont entendus pour créer une plateforme de dialogue entre eux. Par ailleurs, la Finlande compte fermer son dernier poste-frontière encore ouvert avec la Russie, accusant Moscou d’orchestrer une crise migratoire, a annoncé hier le Premier ministre Petteri Orpo. La fermeture de ce point de passage, situé au nord du pays, interviendra dans la nuit d’aujourd’hui à jeudi et durera jusqu’au 13 décembre, a précisé la ministre de l’Intérieur, Mari Rantanen, lors d’une conférence de presse.
«Le phénomène observé ces dernières semaines à la frontière doit cesser», a dit le Premier ministre, notant que «la migration instrumentalisée en provenance de Russie s’est poursuivie». Près de 1000 demandeurs d’asile sans-papiers se sont présentés à la frontière Est séparant les deux pays depuis début août, selon les autorités finlandaises. «La Finlande est la cible d’une opération hybride russe. C’est une question de sécurité nationale», a souligné la ministre de l’Intérieur.
Helsinki a restreint la semaine passée le passage de sa frontière avec la Russie à un seul point, celui de Raja-Jooseppi dans le nord du pays. Cet afflux de migrants «est une activité organisée, pas une véritable urgence», selon le Premier ministre. «La facilité avec laquelle les migrants ont atteint le passage frontalier éloigné de Raja-Jooseppi est la preuve de cela», a-t-il ajouté.
Les relations entre les deux voisins se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l’offensive russe en Ukraine, une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa propre sécurité, à rejoindre l’Otan en avril 2023. Moscou a alors promis de prendre des «contre-mesures» après cette adhésion.