7e Sommet des pays exportateurs de gaz : Gaz naturel, un enjeu géopolitique majeur

15/02/2024 mis à jour: 09:00
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Photo : D. R.

Le secrétaire général du GECF, Mohamed Hamel, souligne l’urgence, à long terme, de trouver un équilibre entre la demande mondiale croissante et le trilemme énergétique consistant à garantir la sécurité énergétique, l’accessibilité financière et la durabilité. Le développement économique et la progression démographique plaident pour un avenir radieux pour le gaz, notamment le gaz naturel.

Sécurité énergétique, accessibilité financière et durabilité sont le triptyque sur lequel s’appuiera la stratégie des pays exportateurs de gaz pour faire face d’abord à la volatilité du marché souvent soumis aux aléas géopolitiques et pour mieux appréhender l’avenir de l’exploitation de cette énergie non polluante. Le 7e Sommet des pays exportateurs de gaz (GECF), prévu du 29 février en cours jusqu’au 2 mars prochain, revêt une importance capitale en ces temps de doutes et de lutte mondiale autour de la sécurité et de l’approvisionnement énergétiques.

Le rendez-vous d’Alger, devant aboutir à une déclaration très attendue à la fois par le marché, les investisseurs et l’industrie du gaz de manière générale, devra planter les jalons de l’avenir du GNL. Le marché mondial du gaz, comme l’a souligné le secrétaire général du GECF, Mohamed Hamel, lors de sa dernière sortie médiatique à la Conférence sur l’énergie à Trinité-et-Tobago, connaît de profondes transformations, conséquence des chocs successifs des quatre dernières années.

«La pandémie de coronavirus en 2020 a considérablement perturbé les marchés du gaz, entraînant une baisse record des prix. Cela a été suivi par la reprise post-pandémique en 2021, caractérisée par un approvisionnement restreint et une demande et des prix en hausse (60 dollars/Mmbtu du TTF au mois de décembre).

La situation s’est encore aggravée en 2022 en raison d’une crise géopolitique majeure, conduisant à des prix du gaz record de plus de 90 dollars/Mmbtu en août. L’Europe est devenue une destination privilégiée du GNL, ce qui contraste fortement avec son rôle antérieur de marché de dernier recours.

Et enfin en 2023, les prix du gaz ont considérablement baissé. Le prix du TTF était en moyenne de 13 dollars/MMBtu dans un contexte combiné d’hivers plus chauds que la normale, d’une croissance plus faible de la demande et de niveaux de stockage élevés en Europe», énumère Mohamed Hamel, avant de souligner que pour l’année 2024, la demande de gaz devrait croître de 1,5% dans un contexte de stabilisation des prix du gaz et d’accélération du passage du charbon au gaz.

La région Asie-Pacifique devrait être, selon les prévisions, sauf changements dus aux conditions météorologiques, le principal moteur de la hausse de la demande. Concernant l’offre de gaz mondiale, elle devrait, selon les mêmes projections, augmenter de 1,7%, mais la croissance de la capacité de GNL est plutôt limitée.

«Les conditions de marché relativement tendues continueront de prévaloir jusqu’en 2026, date à laquelle une vague de nouvelles capacités de GNL entrera en production», précise le SG du GECF, en notant qu’à long terme, il y a urgence à trouver un équilibre entre la demande mondiale croissante et le trilemme énergétique consistant à garantir la sécurité énergétique, l’accessibilité financière et la durabilité.

Le développement économique et la progression démographique plaident pour un avenir radieux pour le gaz, notamment le gaz naturel. La demande mondiale de gaz devrait, selon les prévisions du GECF, augmenter de 22% d’ici 2050, et celle du gaz naturel croître de 36%.

«Disponible, propre, flexible et polyvalent, le gaz naturel joue un rôle clé dans cet équilibre complexe. Il offre un substitut durable aux combustibles traditionnels de cuisson et de chauffage, comme le bois et le fumier, réduisant ainsi la pollution intérieure et la déforestation», soutient Mohamed Hamel, sans omettre de souligner que le gaz naturel réduit les émissions de gaz à effet de serre et constitue un partenaire complémentaire des énergies renouvelables en assurant la sauvegarde et la stabilité des réseaux électriques dépendant de sources intermittentes, comme l’énergie solaire, éolienne ou l’hydroélectricité, en cas de sécheresse.

Ceci et d’être une matière première clé dans la production d’engrais. La part du gaz naturel dans le mix énergétique passera, en outre, de 23% en 2022 à 26% en 2050. Le gaz a donc un avenir et les pays exportateurs ont la responsabilité de le défendre.

Le Sommet d’Alger  offre «l’occasion aux dirigeants de s’engager dans des discussions approfondies, englobant les développements géopolitiques, économiques et politiques… et les perspectives et défis immédiats et à long terme du secteur du gaz naturel», a souligné Mohamed Hamel lors de son passage à Alger pour inspecter les préparatifs du rendez-vous des chefs d’Etat et de gouvernement des pays exportateurs de gaz.

Tout en plaidant pour le gaz naturel en tant qu’élément central de la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations unies, le Sommet d’Alger vise également à élargir le dialogue avec les pays consommateurs et les organisations partageant les mêmes idées.

Dans un entretien accordé à l’APS, l’ancien ministre de l’Energie Noredine Aït Laoussine a soutenu que le 7e Sommet du GECF «est indispensable dans le contexte géopolitique mondial actuel et des menaces qui pèsent sur l’approvisionnement énergétique mondial à long terme, suite à la réduction des exportations russes, et de l’importance grandissante du gaz naturel dans la couverture des besoins à l’échelle planétaire».

Le spécialiste des questions énergétiques, tout en plaidant pour un rapprochement entre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+) et le forum du GECF (possédant 70% des réserves mondiales de gaz), a tenu à souligner le rôle que peut jouer l’Algérie en tant qu’acteur majeur du gaz.

«L’Algérie dispose d’une expérience prouvée dans le développement de l’industrie du gaz naturel liquéfié, dans la réalisation de gazoducs en mer profonde et dans la conception d’un contrat équilibré de vente à long terme dont l’ossature est toujours en vigueur aujourd’hui», précise-t-il en appelant à ce que l’accord d’Alger souligne «l’alliance OPEP+ et GECF, qui ont des objectifs communs et qui nécessitent un rapprochement stratégique».

Notons que le prochain Sommet verra la participation, en sus du pays hôte l’Algérie, des 11 autres membres du GECF, à savoir la Bolivie, l’Egypte, la Guinée équatoriale, l’Iran, la Libye, le Nigeria, le Qatar, la Russie, Trinité-et-Tobago, les Emirats arabes unis et le Venezuela. Les deux premiers jours seront consacrés au groupe de travail ad hoc de haut niveau, puis la réunion des ministres des pays participants.

Le 3 mars aura lieu la réunion au sommet des chefs d’Etat et de gouvernements devant aboutir à la déclaration d’Alger, qui sera suivie d’une conférence de presse. 

 

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