Si la demande de gaz continue de croître comme au cours des 4 dernières années, sans développement supplémentaire de la production, un déficit de l’offre mondiale de 22% est attendu d’ici 2030.
L’Algérie a nettement augmenté ses exportations de gaz naturel en 2023, se classant au 7e rang mondial parmi les dix principaux pays exportateurs de gaz, selon l’édition 2024 du rapport de l’Union internationale du gaz (IGU), intitulée «Global gas report 2024».
L’Algérie a ainsi exporté un total de 52 milliards de mètres cubes en 2023, dont 18 milliards de mètres cubes de GNL dépassant sur ce segment l’Indonésie, Oman et le Nigeria, selon la même source. Le document souligne que le commerce mondial de GNL a atteint 537 milliards de mètres cubes en 2023, une progression qui se poursuit «dans un contexte (…) d’incertitudes en matière d’approvisionnement à travers le monde».
Les Etats-Unis sont devenus le premier exportateur net mondial de GNL en 2023, dépassant à la fois l’Australie et le Qatar pour atteindre 117 milliards de mètres cubes d’exportations. Plus globalement, soit les exportations de gaz par gazoduc et GNL, la Russie est demeurée – en dépit des répercussions de la guerre en Ukraine – en tête des dix pays exportateurs de gaz dans le monde en 2023.
Elle totalise 139 milliards de mètre cubes d’exportations, suivie par le Qatar avec 128 mds m3, les Etats-Unis avec 127 mds m³, la Norvège avec 120 mds m3, l’Australie avec 110 mds m³, et le Canada avec 53 mds m3. Viennent ensuite l’Algérie avec 52 mds m³ et le Turkmenistan avec 41 mds m³.
Les flux commerciaux nets par pipeline ont cependant chuté de 6,8% à 475 milliards de mètres cubes en 2023, en raison principalement de la baisse des exportations de la Russie. Il s’agit, selon le rapport, du changement le plus important dans les exportations par pipeline au cours de l’année.
La Russie reste le deuxième exportateur mondial de gaz par pipeline. Pour ce qui est des principaux importateurs de gaz, la Chine arrive en tête avec un volume 160 milliards de mètres cubes.
Le Japon suit avec 91 milliards de mètres cubes, l’Allemagne avec 77 milliards de mètres cubes, le Mexique avec 64 milliards de mètres cubes et la Corée du Sud avec 61 milliards de mètres cubes, souligne le rapport réalisé en collaboration avec l’opérateur italien Snam et la société Rystad Energy.
Le sous-investissement met en péril le commerce du gaz
La demande énergétique croissante dans toutes les régions et le sous-investissement dans le gaz et l’énergie propre mettent en péril, selon le document, «l’approvisionnement énergétique mondial, les objectifs énergétiques pour 2030 étant visiblement hors de portée».
Pour l’Union internationale du gaz (IGU), les marchés mondiaux du gaz restent dans un équilibre fragile, avec une croissance limitée de l’offre, alors que la demande augmente régulièrement de 1,5% en 2023, avec une accélération attendue à 2,1% d’ici la fin de 2024.
L’Asie continue d’être le principal moteur de cette croissance, tandis que l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient sont en tête des exportations. «Si la demande de gaz continue de croître comme au cours des 4 dernières années, sans développement supplémentaire de la production, un déficit de l'offre mondiale de 22% est attendu d'ici 2030. Si la demande continue de se renforcer, le déficit sera plus prononcé.
Cela souligne le besoin urgent d'augmenter les investissements», indique le rapport. La demande énergétique a continué d’augmenter dans les régions développées et en développement, tandis que la combustion du charbon a augmenté plus que jamais en 2023, restant la plus grande source d’émissions énergétiques mondiales – qui a battu un nouveau record.
Si les tendances actuelles de la demande et de l’offre énergétiques persistent, les objectifs 2030 définis dans les scénarios de décarbonisation axés sur les politiques ne seront très probablement pas atteints, poursuit la même source.
Pour contenir la croissance des émissions de gaz à effet de serre et rendre l’équilibre du marché mondial du gaz résilient, il est essentiel à la fois d’accroître les investissements dans l’approvisionnement en gaz naturel et de développer le biométhane, le captage et le stockage du carbone (CSC) et les technologies de l’hydrogène à faible teneur en carbone recommande le rapport.
Il indique que «le gaz naturel offre aujourd’hui une opportunité immédiate de réduire les émissions dues au charbon de 50% et celles du pétrole de 30% grâce à une substitution rentable».