L’absence ou l’obstruction des conduites d’aération, une mauvaise évacuation des gaz de combustion, l’installation des chauffe-bains dans les salles de bain et l’utilisation d’appareils de chauffage non conformes sont à l’origine de la majorité des incidents, note le commandant Nassim Bernaoui, sous-directeur de l’information et des statistiques à la Protection civile.
Chaque hiver, le même drame se répète. Des familles entières sont endeuillées par un ennemi invisible et silencieux : le monoxyde de carbone (CO). Ce gaz inodore et incolore, issu de la combustion incomplète des énergies fossiles (gaz, charbon, bois), continue de faire des ravages en Algérie.
En 2024, il a causé la mort de 114 personnes et l’intoxication de 2178 autres, sauvées de justesse grâce à l’intervention rapide des secours. Loin d’être endigué, ce fléau persiste en 2025. Depuis le début de l’année, 35 nouveaux décès ont déjà été enregistrés, et 570 personnes ont été secourues. Rien qu’en janvier, 34 décès avaient été recensés et 554 personnes secourues, laissant entrevoir une tragédie qui se poursuit, en dépit des efforts et les avertissements des autorités.
Dans une déclaration accordée à El Watan, le commandant Nassim Bernaoui, sous-directeur de l’information et des statistiques à la Protection civile, met en lumière les principales causes de ces intoxications meurtrières : «L’absence ou l’obstruction des conduites d’aération, une mauvaise évacuation des gaz de combustion, l’installation des chauffe-bains dans les salles de bain et l’utilisation d’appareils de chauffage non conformes sont à l’origine de la majorité des incidents.» Ce qui rend ces drames encore plus insoutenables, c’est qu’ils pourraient être évités par des gestes simples.
Un logement bien aéré, une installation de chauffage conforme et entretenue, des équipements certifiés…, autant de précautions qui permettent de prévenir ces accidents. Mais la prise de conscience reste insuffisante. Malgré les multiples campagnes de sensibilisation menées chaque année par la Protection civile, les comportements à risque perdurent.
Gestions de prévention
«Nos agents interviennent quotidiennement pour rappeler aux citoyens les règles de sécurité. Nos campagnes commencent en octobre dans les mosquées et s’étendent jusqu’en mars. Nous intervenons aussi dans les établissements scolaires en octobre et novembre, et en février dans les centres de formation pour sensibiliser les chauffagistes et plombiers, acteurs-clés de la prévention», précise le commandant Bernaoui.
En novembre 2024, le ministère de l’Intérieur a lancé lui aussi une campagne nationale de sensibilisation pour accompagner l’installation des détecteurs de CO dans les foyers, en collaboration avec plusieurs secteurs et la Protection civile. Cette initiative qui a duré deux mois visait la prévention des intoxications et à encourager les citoyens à faciliter le travail des équipes de Sonelgaz chargées d’installer 22 millions de détecteurs de CO.
La campagne a inclus des actions de proximité pour informer sur l’utilisation des dispositifs et renforcer la prévention des risques liés à ce gaz toxique, particulièrement en période hivernale. Ces initiatives sont cruciales, mais ne suffisent pas à endiguer le fléau. Le manque de vigilance des citoyens et l’utilisation d’appareils défectueux continuent de faire des victimes. L’objectif est clair : faire prendre conscience que chaque citoyen a un rôle à jouer dans sa propre sécurité et celle de ses proches.
Les gestes de prévention sont simples : vérifier les installations de chauffage, entretenir les appareils régulièrement, éviter d’obstruer les conduites d’aération et installer un détecteur de CO. Le CO ne pardonne pas. Il agit sans bruit, sans odeur et peut tuer en quelques minutes. Chaque année, il fait des dizaines de victimes en Algérie. Jusqu’à quand ?