Ces dernières années, la criminalité liée à l’usage de substances psychoactives est en nette augmentation et le psychiatre est de plus en plus confronté, dans les expertises qu’il a à faire à la demande de la justice, à des délinquants consommateurs de substances psychoactives.
Ceci pose, pour lui, des problèmes quand il s’agit de se prononcer sur la responsabilité pénale», ont relevé Leila Chami et Mohamed El Amine Bencharif de la faculté de médecine de Blida et du service de psychiatrie légale de l’EHS Frantz Fanon. Selon les deux chercheurs, qui intervenaient à l’occasion du 22e Congrès national de la psychiatrie organisé à l’EHS de Oued Aïssi, à Tizi Ouzou, «la rencontre du toxicomane et de la loi est toujours délicate.
Elle jette le professionnel et le représentant de la loi dans une infinie perplexité. Le toxicomane met la loi en situation embarrassante, d’où une valse-hésitation : Responsable ? Irresponsable ? Justice ? Psychiatrie ? Délinquant ? Malade ?», se sont-ils interrogés.
Les intervenants ont rappelé, en outre, qu’«une addiction est une dépendance à une substance ou à une activité, avec des conséquences néfastes sur la santé de la personne affectée».
De son côté, Leïla Hassas Boumghar, docteur en psychologie clinique et psychothérapeute, estime que «parmi les nombreuses causes sous-jacentes au développement d’une dépendance, à l’âge adulte, les traumatismes de l’enfance figurent en bonne place.
Les études ont montré que plus tôt une personne est exposée à un trauma physique, émotionnel ou complexe, plus précocement elle est susceptible de commencer à consommer dans une tentative de faire face à son expérience traumatique.
En conséquence, il existe une corrélation directe entre les traumatismes de l’enfance et un risque significativement plus élevé de développer un trouble lié aux substances à l’adolescence ou au début de l’âge adulte», a-t-elle ajouté.
Pour sa part, le professeur Abbès Ziri, chef de service de psychiatrie-addictologie du CHU de Tizi Ouzou, a mis l’accent sur l’expérience du Centre d’étude, de recherche et de traitement des addictions du CHU de Tizi Ouzou. «Mis en service depuis 2017, il représente l’un des centres de référence à l’échelle nationale et constitue un pôle d’excellence de soins, de formation, d’information et de recherche en addictologie.
Dans ce centre d’une capacité d’accueil de 14 lits hommes, nous hospitalisons aussi des patientes pour des cures de sevrage au niveau de l’unité psychiatrique femmes.
La durée moyenne de séjour est de 2 à 3 semaines», a-t-il expliqué. Enfin, le wali de Tizi Ouzou, Djillali Douimi, a, lors de son allocution inaugurale, souligné l’importance de ce genre d’activités. Fateh Boudjemline