212e jour de la guerre contre Ghaza : Les négociations n’avancent pas

06/05/2024 mis à jour: 02:19
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Une délégation du mouvement Hamas a rencontré, hier, des représentants des pays médiateurs, à savoir les Etats-Unis, l'Egypte et le Qatar - Photo : D. R.

Les pays médiateurs ont rencontré une délégation du Hamas pour approfondir les discussions autour d’un accord de trêve. Le mouvement dirigé par Ismaïl Haniyeh continue d’exiger un cessez-le-feu permanent et un retrait de l’armée israélienne de Ghaza, tandis que Netanyahu ne voit dans les négociations qu’un moyen de libérer les otages. Le bourreau de Ghaza n’entend pas mettre un terme au supplice des Palestiniens avant d’avoir lancé sa grande opération sur Rafah.

A u 212e jour de la guerre contre Ghaza, les forces d’occupation sionistes ont poursuivi leurs raids contre la population palestinienne, ciblant principalement les régions centre et sud de la bande assiégée. Selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza, 29 personnes ont été tuées et 110 autres blessées en 24 heures, entre samedi et dimanche.

Ce nouveau cortège de victimes porte à 34 683 morts et 78 018 blessés le bilan global de la campagne militaire israélienne dans la bande de Ghaza. Selon l’agence Wafa, l’armée d’occupation a mené plusieurs raids hier dans la ville de Ghaza.

Une personne a été tuée et plusieurs autres ont été blessés suite à des tirs d’artillerie qui ont ciblé Haï Al Zaytoun, Tall El Hawa, Cheikh Ajline ainsi que «l’axe Netzarim», au sud de la ville de Ghaza. Wafa ajoute que la marine de guerre israélienne a pilonné à l’arme lourde le port de pêche de Ghaza ainsi que le camp Al Chati’, à l’ouest de la capitale de l’enclave.

Plusieurs frappes ont été également déclenchées sur différentes zones de la ville de Rafah, rapporte l’agence Wafa. Ces frappes ont ciblé notamment les quartiers Al Salam et Al Janina, les deux étant situés à l’est de la ville frontalière avec l’Egypte. A Haï Al Salam, une attaque a visé la maison de la famille Al Chaïr, faisant cinq blessés.

Attaque du poste-frontière Karam Abou Salem

Dans le centre de la bande de Ghaza, au moins un civil a été tué suite à une frappe aérienne qui a ciblé la zone nord du camp d’Al Nussairat. Des raids similaires se sont produits également dans le secteur d’Al Maghraka et Al Zahra, ainsi que Djisr Wadi Ghaza. L’aviation israélienne a en outre bombardé la localité d’Al Zawayda, toujours au centre de l’enclave palestinienne.

Des raids aériens ont également été signalés contre des terres agricoles, près de l’usine Schumer au nord du camp d’Al Maghazi, précise Wafa. Des attaques ont été exécutées aussi contre des zones d’habitation à Al Bureij et Deir El Balah, au centre de la bande de Ghaza.

De leur côté, les Brigades Al Qassam ont annoncé avoir attaqué un attroupement de soldats israéliens stationnés à Karam Abou Salem, un poste-frontière jouxtant Rafah contrôlé par Israël. Ces attaques ont été menées à l’aide de missiles à courte portée Rajoum 114 mm, précisent les Brigades Al Qassam citées par le site «aljazeeramubasher.net».

De son côté l’armée israélienne a déclaré dans un communiqué repris par l’AFP qu’«une dizaine de tirs de projectiles ont été repérés depuis une zone adjacente à Rafah en direction de la zone de Kerem Shalom». Et de souligner que «le point de passage de Kerem Shalom est actuellement fermé aux camions d’aide humanitaire».

Selon la chaîne de télévision israélienne «12», 7 blessés ont été enregistrés parmi les soldats israéliens, dont 3 sont dans un état grave. Et d’après le journal israélien Yediot Aharonot, les forces d’occupation ont frappé des secteurs de la ville de Rafah en représailles aux attaques des brigades Al Qassam. 

«Notre priorité est l’arrêt de l’agression»

Au niveau des négociations, c’est de nouveau l’impasse après un regain d’espoir ces derniers jours aidé par un forcing américain pour que les pourparlers aboutissent. Les représentants des pays médiateurs, à savoir l’Egypte, le Qatar, et les Etats-Unis, se sont retrouvés samedi au Caire où ils ont rencontré une délégation du Hamas.

Les discussions ont pris fin hier. «La réunion avec le ministre du Renseignement égyptien a pris fin, la délégation du Hamas va repartir pour Doha pour poursuivre des concertations (avec la direction du mouvement, ndlr)», a déclaré à l’AFP un responsable du Hamas sous le sceau de l’anonymat à l’issue des discussions.

«L’offre des médiateurs, présentée fin avril au Hamas, prévoit une trêve provisoire associée à une libération de prisonniers palestiniens détenus par Israël contre celle d’otages enlevés pendant l’attaque du Hamas le 7 octobre», explique l’AFP.

A noter qu’il n’y avait pas cette fois de délégation israélienne à cette réunion. Hamas a affirmé très clairement qu’il n’accepterait aucun accord ne prévoyant pas «un arrêt total de l’agression israélienne» et «le retrait des forces d’occupation de Ghaza». Des conditions rejetées par Israël.

Netanyahu estime que «capituler» devant les exigences du Hamas représenterait «une terrible défaite». «Cela serait une grande victoire pour le Hamas et pour l’Iran», a-t-il répété devant ses ministres, indique l’AFP. Une position fustigée par Ismaïl Hannieh.

«Quelle est la signification d’un accord, si un cessez-le-feu n’en est pas le premier résultat ?» interroge le chef du bureau politique du mouvement Hamas, cité par l’AFP. «Notre priorité est l’arrêt de l’agression et de parvenir à un accord global, et Netanyahu invente des prétextes pour saboter l’effort des médiateurs», s’est emporté le chef politique du Hamas, selon des propos rapportés par le site «aljazeeramubasher.net».

En l’absence d’un accord de trêve, le plan d’invasion terrestre de Rafah que prépare Netanyahu est plus que jamais imminent, malgré l’opposition des Américains. Et dans le cas où cette opération d’envergure venait à être exécutée, cela risque de décupler la catastrophe humanitaire dans la bande de Ghaza.

«Une telle offensive serait un coup dur pour les opérations humanitaires dans l’ensemble de la bande de Ghaza», a prévenu le Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU.

«Quand vous avez des conflits de ce type, avec tant d’émotion, où tant de choses se passent, la famine arrive», a alerté pour sa part la directrice du PAM (le Programme alimentaire mondial), Cindy McCain, dans un entretien à une chaîne américaine. «La famine est là, une véritable famine dans le Nord, et qui se déplace vers le Sud», a-t-elle averti. 
 

 

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