Les femmes ont un rôle important dans la préservation et la transmission de la culture et du patrimoine algérien, ont souligné, samedi à Tizi Ouzou, les invitées de la première édition de l’événement «Femmes à l’honneur», organisé à la maison de la culture Mouloud Mammeri
La poétesse Keltoum Deffous et l’artisane-tisseuse Ghenima Lakrout, les deux premières invitées de la manifestation initiée par l’Entreprise d’organisation des événements culturels, économiques et scientifique (EMEV), ont insisté sur l’importance de préserver le patrimoine matériel et immatériel algérien et sur la mission des femmes dans cette démarche.
A chacune sa façon de faire, ces deux Algériennes, Keltoum Deffous de Mila et Ghenima Lakrout de Tizi Ouzou, luttent pour préserver et transmettre le patrimoine et la culture algériens et les porter haut sur la scène internationale.
Relevant qu’elle écrit pour la culture algérienne, Mme Deffous, auteure de 13 recueil de poésie dont sept à l’international pour ses œuvres, a ajouté qu’«il est de notre devoir de veiller à la protection de notre patrimoine culturel qui est notre 'Etre'. Si nous perdons notre culture, nous nous perdons nous-mêmes», indiquant qu’à travers sa poésie, elle «chante l’Algérie».
«Fille de fusillés» comme elle se présente elle- même, la poétesse, dont les grands parents ainsi que tous les hommes de son hameau ont été fusillés devant leurs femmes par l’armée coloniale française le 2 juillet 1956, rend hommage aux Algériennes, par la poésie.
Elle cite «des femmes combats, dignes, libres et autonomes» qui n’ont pas hésité à prendre les armes pour combattre le colonisateur aux côtés des hommes et à affronter le terrorisme durant la décennie noire. Ghenima Lakrout, une artisane tisseuse d’Ath Hicham, un village de la commune Ath Yahia (Tizi Ouzou), réputé pour son tapis traditionnel, lutte pour préserver et pérenniser ce métier et savoir-faire ancestral.
Cette tapissière qui a commencé à faire danser les fils de laine sur un métier à tisser en 1973, perpétuant ainsi des gestes et des symboles hérités de ces aïeules. «Je tisse depuis 50 ans et aujourd’hui le tapis d’Ath Hicham coule dans mes veines», a-t-elle dit. Le combat de Ghenima pour la sauvegarde de ce patrimoine matériel consiste aussi dans son engagement dans la formation.
Elle a postulé pour un poste d’enseignante dans le secteur de la formation professionnelle après une formation pour obtenir le diplôme adéquat.
Professeur de formation professionnelle dans le domaine de la tapisserie, Mme Lakrout s’applique aujourd’hui à transmettre le métier, mais surtout la passion du tissage, aux jeunes générations en vue de préserver ce patrimoine. Et pour que ses stagiaires, ainsi que les autres tapissières ne se découragent pas et n’abandonnent pas, elle œuvre même à leur trouver des débouchées professionnelles en les recrutant dans son atelier et en leur dénichant des commandes de tapis, a-t-elle dit.
Initié par EMEV en collaboration avec la direction de la culture et des arts et d’autres partenaires, «Femmes à l’honneur» a pour but de rappeler «le rôle important que joue la femme au sein de la cellule familiale puis dans la société de manière générale», a souligné le gérant de cette entreprise, Malek Amirouche.