Inde : La Cour suprême libère sous caution un chef de l’opposition

11/05/2024 mis à jour: 01:23
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Arvind Kejriwal, ministre en chef de la capitale Delhi a été arrêté et placé en détention le 21 mars par la principale agence indienne de lutte contre la criminalité financière - Photo : D. R.

«La Cour suprême est venue à la rescousse de notre Constitution et de notre démocratie confrontées à un assaut du BJP», a déclaré aux journalistes Atishi Marlena Singh, ministre dans le gouvernement de M. Kejriwal.

La Cour suprême indienne a ordonné, hier, la libération sous caution du ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, l’un des principaux opposants au Premier ministre Narendra Modi, afin qu’il puisse participer aux élections générales en cours. Les juges Sanjiv Khanna et Dipankar Datta ont accordé à M. Kejriwal la libération sous caution jusqu’au 1er juin, dernier jour d’un scrutin de six semaines, selon un journaliste de l’AFP présent au tribunal.  «Il ne fait aucun doute que de graves accusations ont été portées, mais il n’a pas été condamné», indiquent-ils dans leur jugement. «Il n’a aucun antécédent criminel.

Il ne constitue pas une menace pour la société», y affirment-ils. Des foules se sont rassemblées devant le siège de l’Aam Aadmi (AAP, Parti de l’homme ordinaire) que M. Kejriwak a co-fondé en 2012, après le jugement pour célébrer sa libération imminente, en distribuant des sucreries, comme le veut la coutume.

«La Cour suprême est venue à la rescousse de notre Constitution et de notre démocratie confrontées à un assaut du BJP», a déclaré aux journalistes Atishi Marlena Singh, ministre dans le gouvernement de M. Kejriwal. «Kejriwal sera dehors aujourd’hui et espérons qu’il dînera à son domicile», a-t-elle ajouté.
Sa libération était conditionnée à son engagement à ne faire aucune déclaration publique sur les accusations portées contre lui, à ne pas interagir avec les témoins de l’affaire et à ne pas visiter les bureaux du gouvernement de Delhi.

Près d’un milliard d’Indiens ont été appelés à prendre part au scrutin du 19 avril jusqu’au 1er juin, pour choisir un nouveau gouvernement, constituant le plus grand exercice démocratique au monde. Nombre d’analystes politiques considèrent acquise la victoire de M. Modi, notamment en raison de la popularité de sa politique nationaliste hindoue, majorité religieuse du pays.

Arvind Kejriwal, ministre en chef de la capitale Delhi et leader clé d’une alliance d’opposition formée pour rivaliser avec M. Modi dans ces élections, a été arrêté et placé en détention le 21 mars par la principale agence indienne de lutte contre la criminalité financière. Agé de 55 ans, M. Kejriwal est l’un des responsables de la coalition d’opposition indienne INDIA, avec Rahul Gandhi à la tête du parti du Congrès, pour rivaliser avec M. Modi.

«S’en prendre aux opposants» 

Le gouvernement de M. Kejriwal est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin, dans le cadre de l’attribution de licences de vente d’alcool à des sociétés privées. Mais selon ses partisans, l’arrestation de M. Kejriwal, qui nie les accusations dont il fait l’objet, vise à mettre sur la touche les opposants au 
Premier ministre Narendra Modi.

L’un d’eux a qualifié cette affaire de «complot politique» orchestré par le Parti nationaliste hindou au pouvoir Bharatiya Janata (BJP). Des rassemblements de soutien à M. Kejriwal ont eu lieu dans de nombreuses autres grandes villes indiennes, après son arrestation.
Ministre en chef depuis près d’une décennie, il a d’abord pris ses fonctions en tant que fervent défenseur de la lutte contre la corruption. Il avait résisté à plusieurs convocations pour être interrogé dans le cadre de l’enquête.

M. Kejriwal fait partie des nombreux dirigeants de l’opposition à faire l’objet d’une enquête criminelle. A l’instar de Rahul Gandhi, 53 ans -- dont le père, la grand-mère et l’arrière-grand-père ont tous été Premiers ministres -- qui a été brièvement écarté du Parlement l’an dernier, après avoir été reconnu coupable de diffamation.

Il accuse le gouvernement d’un certain recul démocratique et fustige son soutien à la foi majoritaire de l’Inde, au détriment d’importantes minorités inquiètes pour leur avenir, dont 210 millions d’Indiens musulmans. En revanche, la libération sous caution de Hemant Soren, ex-ministre en chef de l’Etat du Jharkhand (est), arrêté pour corruption en février dans une affaire distincte, a été refusée vendredi même par les deux juges de la Cour suprême qui l’ont accordée à M. Kejriwal.

Les défenseurs des droits et l’opposition accusent le gouvernement de M. Modi d’instrumentaliser la justice à des fins politiques et s’inquiètent du rétrécissement de l’espace démocratique en Inde. Selon le groupe de réflexion américain Freedom House, le BJP «s’est de plus en plus servi des institutions gouvernementales pour s’en prendre aux opposants politiques».

Retrait des soldats indiens des Maldives

L’Inde en a fini, hier, avec le retrait de ses 27 derniers soldats stationnés aux Maldives, date butoir fixée par Mohamed Muizzu, nouveau président de l’archipel de l’océan Indien, a déclaré aux médias un responsable du ministère des Affaires étrangères. Il s’agit du troisième et dernier groupe de forces de sécurité indiennes à quitter les Maldives, a indiqué le responsable, cité par ces médias.

Les Maldives se sont engagées jeudi à entretenir une «amitié durable» avec New Delhi, à la veille de la date-butoir fixée à l’Inde par M. Muizzu pour qu’elle rapatrie ses soldats. En visite officielle à New Delhi, le ministre des Affaires étrangères maldivien, Moosa Zameer, a adopté jeudi une attitude conciliante, affirmant que son déplacement marquait une «nouvelle initiative de collaboration, symbole d’une amitié durable et d’objectifs communs».

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