Hawaiian Electric fait l’objet de nombreux soupçons et a déjà été visée par une plainte d’habitants. Les incendies ont fait au moins 115 morts et plus de 1000 disparus.
A près les recherches dans les cendres, la quête de responsables. Plus de deux semaines après les incendies meurtriers qui ont quasiment rayé de la carte la ville de Lahaina à Hawaï et fait au moins 115 victimes, le comté de Maui a annoncé ce jeudi 24 août porter plainte contre le principal fournisseur d’électricité de l’archipel, Hawaiian Electric. L’enquête ouverte par la justice n’a pas encore rendu de conclusions.
L’entreprise fait néanmoins l’objet de nombreux soupçons et a déjà été visée par une plainte d’habitants. Des vidéos tournées par certains locaux montrent notamment une ligne électrique endommagée par le vent le jour-même du désastre, rapidement entourée de flammes. Hawaiian Electric a «agi avec négligence en ne mettant pas ses équipements électriques hors tension», malgré un avertissement des services météorologiques américains, a estimé le comté de Maui dans un communiqué de presse.
L’île était placée en alerte rouge incendie
Avant que les flammes ne réduisent la ville de Lahaina en cendres, Hawaï était en alerte rouge incendie à cause de vents violents nourris par l’ouragan Dora, qui déferlait dans le Pacifique à quelques centaines de kilomètres de l’archipel. Dans sa plainte, le comté estime que «cette destruction aurait pu être évitée». Hawaiian Electric pouvait prévoir que les vents violents «renverseraient les poteaux électriques, feraient tomber les lignes électriques et enflammeraient la végétation», argue la plainte.
Le fournisseur avait l’obligation «d’entretenir et de réparer correctement les lignes de transmission électrique et les autres équipements, (...) et de veiller à ce que la végétation soit correctement taillée et entretenue afin d’éviter tout contact avec les lignes électriques aériennes», ajoute la plainte. Hawaiian Electric «savait également que si ses équipements électriques aériens déclenchaient un incendie, celui-ci se propagerait à une vitesse extrêmement rapide», sur une île souffrant de la sécheresse, accuse la plainte.
Le 14 août, la patronne d’Hawaiian Electric, Shelee Kimura, avait défendu la décision de son entreprise de ne pas couper le courant. «A Lahaina, l’électricité alimente les pompes qui fournissent l’eau», avait rétorqué la dirigeante, en précisant que d’éventuelles coupures de courant pouvaient aussi être dangereuses pour les personnes âgées ou malades.
Une liste de 388 personnes portées disparues
L’incendie de Lahaina avait initialement été déclaré maîtrisé tôt le matin et les pompiers ont aussi été accaparés par d’autres feux. Une reprise a eu lieu dans l’après-midi et les flammes ont cette fois englouti la ville. Par ailleurs, les autorités de l’archipel américain d’Hawaï ont publié une liste de 388 personnes encore portées disparues, plus de deux semaines après les incendies les plus meurtriers depuis un siècle aux Etats-Unis, qui ont tué au moins 115 personnes sur l’île de Maui.
Le feu a quasiment rasé la ville touristique de Lahaina, ancienne capitale du royaume d’Hawaï, et le nombre de personnes dont on est sans nouvelles alimente les spéculations. Avec la publication de cette liste officielle de noms jeudi soir, les autorités espèrent faire progresser les recherches pour déterminer la véritable ampleur du drame. «Nous avons besoin de votre aide», a rappelé le chef de la police de Maui, John Pelletier, dans un message vidéo, en demandant au public de contacter le FBI si un nom de la liste correspond à une personne saine et sauve.
Mardi soir, la police fédérale avait expliqué recenser encore 1100 disparus. La façon dont ce nombre est tombé à 388 en l’espace de deux jours n’était pas immédiatement claire. Sollicitées par l’Agence France-Presse (AFP), les autorités d’Hawaï n’avaient pas encore donné d’explication vendredi à la mi-journée.
La liste comprend uniquement des individus pour lesquels un nom, un prénom et le contact de la personne ayant signalé leur disparition ont été fournis, a précisé John Pelletier dans sa vidéo.
Depuis la catastrophe, les autorités locales ont demandé au FBI d’intervenir pour uniformiser les données de nombreuses listes circulant sur les réseaux sociaux ou dans les centres d’hébergement, qui recensaient des milliers de disparus. Beaucoup de survivants ont ainsi pu être identifiés et localisés. Les autorités s’attendent toutefois à ce que le bilan humain du désastre, déjà très lourd, s’accroisse. Les recherches dans certains immeubles carbonisés s’avèrent extrêmement difficiles et vont probablement encore prendre des semaines.
L’identification des victimes, dont les cadavres sont souvent méconnaissables et nécessitent une comparaison avec un ADN familial, est également laborieuse : seuls 46 corps – pour l’immense majorité des adultes d’un certain âge, mais aussi un enfant de 7 ans – ont pu être identifiés jusqu’ici.
La publication de la liste officielle des disparus sur les réseaux sociaux a suscité plusieurs commentaires de personnes affirmant que certains noms correspondent à ceux de personnes saines et sauves. Cette méthode avait déjà été employée par les autorités américaines après le Camp Fire, un vaste incendie qui a fait 85 morts en 2018 en Californie et après lequel 1300 personnes avaient initialement été portées disparues.