Ils sont pour leur grande majorité originaires du Sahel et du Maroc : Les flux de migrants clandestins de l’Afrique vers l’Europe ne faiblissent pas

06/10/2024 mis à jour: 05:32
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Venant des différents pays de l’Afrique subsaharienne, les candidats à la migration prennent la destination de la côte ouest africaine - Photo : D. R.

L’émigration irrégulière ne s’est pas estompée dans la Méditerranée. Malgré une baisse des flux vers l’Italie, des centaines de personnes continuent d’arriver en Espagne, notamment à travers le Maroc qui a connu, il y a quelques semaines, un exode spectaculaire de jeunes voulant rejoindre illégalement l’enclave de Ceuta.

Les flux des migrants clandestins de l’Afrique vers l’Europe ne faiblissent pas. Malgré les renforcements des contrôles aux portes du Vieux Continent et dans les pays de transit en Afrique du Nord, les candidats à la traversée clandestine, les passeurs et les intermédiaires s’adaptent et changent constamment de procédés pour parvenir à leurs fins. Ce constat est établi par de nombreuses ONG et d'organismes onusiens. Une année après la crise migratoire de Lampedusa en Italie, qui a donné suite à des mesures drastiques prises par les pays concernés dans les deux rives de la Méditerranée, les migrants semblent avoir changé de couloir de passage.

Une nouvelle route, certes plus risquée, est désormais empruntée par les candidats à l’immigration. Il s’agit de l’archipel des Canaries qui connaît un afflux migratoire important depuis le début de l’année en cours. Le mouvement, favorisé par des conditions climatiques clémentes, s’est accentué durant les mois d'août et septembre derniers.

Les autorités espagnoles affirment que les débarquements clandestins ont bondi de 126% par rapport à l’an dernier dans ces îles de l’océan Atlantique. «Les arrivées illégales dans les Canaries ont connu depuis début 2023 une augmentation croissante, qui s’est poursuivie au premier semestre 2024», explique Jérôme Vignon, spécialiste des politiques migratoires à l’institut Jacques Delors, cité par des médias étrangers. Les migrants choisissent un nouvel itinéraire.

Venant des différents pays de l’Afrique subsaharienne, les candidats à la migration prennent la destination de la côte ouest africaine. Au total, selon la même source, plus de 22 000 migrants ont débarqué sur l’archipel depuis le début de l’année. 

134 000 migrants ont gagné l’Europe

La majorité d’entre eux sont originaires du Mali (43%) et du Sénégal (20%), suivis des Marocains (9%) et des Mauritaniens (8%). Le choix de cette nouvelle route s’étendant sur 1500 km s’explique aussi, en plus du renforcement des contrôles en Afrique du Nord, notamment en Tunisie et en Egypte, par l’instabilité qui secoue les pays du Sahel, particulièrement le Mali et le Burkina Faso. Les organisations internationales parlent, en effet, de la présence de 200 000 réfugiés en Mauritanie, dont une grande partie serait candidate à la migration.

Selon Sivanka Dhanapala, le directeur du bureau de New York du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), cité par des médias, plus de 350 000 réfugiés et demandeurs d’asile ont été enregistrés depuis le début de l’année. Parmi eux, ajoute-t-il, «un grand nombre de réfugiés soudanais à la recherche d’une protection en Afrique du Nord».

Selon lui, «entre janvier et août de cette année, on estime que plus de 134 000 réfugiés et migrants ont quitté l'Afrique du Nord et de l'Ouest par la mer en direction de l’Europe, ce qui représente une baisse de 24% par rapport à l’année dernière. Alors que les arrivées en Italie ont diminué, le nombre de personnes débarquées dans les pays d’Afrique du Nord a légèrement augmenté, avec près de 33 000 personnes arrivées en Tunisie et plus de 14 000 en Libye», précise-t-il.

L’émigration irrégulière ne s’est pas estompée dans la Méditerranée. Malgré une baisse des flux vers l’Italie, des centaines de personnes continuent d’arriver en Espagne, notamment à travers le Maroc, qui a connu, il y a quelques semaines un exode spectaculaire de jeunes voulant rejoindre illégalement l’enclave de Ceuta. Les candidats fuyant la pauvreté, le chômage et la répression tentent ainsi de rejoindre l’Europe via l’Espagne. Malgré les contrôles stricts, les traversées clandestines ont été également enregistrées au niveau des côtes algériennes, tunisiennes et libyennes durant les mois d’août et septembre derniers.  

 
 

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