Ils se sont unis hier au sein d’une confédération : Bamako, Niamey et Ouagadougou actent leur divorce avec la Cédéao

07/07/2024 mis à jour: 07:25
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Assimi Goïta, Abdourahamane Tiani et Ibrahim Traoré étaient réunis, hier, pour la première fois à Niamey - Photo : D. R.

Début mars, Mali, Burkina et Niger avaient annoncé la création d’une force conjointe antiterroriste. Le sommet d’hier doit consacrer la transformation de cette alliance en confédération. Le projet avait été finalisé par les ministres des Affaires étrangères en mai, mais doit encore être adopté par les chefs d’Etat des trois pays, qui comptent quelque 72 millions d’habitants.

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont entériné leur alliance au sein d’une «confédération» lors de leur premier sommet, hier, à Niamey, une décision qui acte leur rupture avec le reste du bloc ouest-africain.

Les chefs d’Etat des trois pays, des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat, «ont décidé de franchir une étape supplémentaire vers une intégration plus poussée entre les Etats membres. A cet effet ils ont adopté le traité instituant une confédération entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger dénommée Confédération des Etats du Sahel», ont-ils indiqué dans le communiqué final du sommet hier.

Ce sommet a rassemblé pour la première fois les présidents de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), une organisation créée en septembre 2023 qui réunit le Mali, le Burkina et le Niger, où des militaires ont pris le pouvoir par des coups d’Etat entre 2020 et 2023 et qui font tous face à des violences terroristes récurrentes.

Ces trois pays ont annoncé en janvier leur départ de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), une organisation qu’ils jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale avec laquelle ils ont multiplié les actes de rupture. Et ils ne semblent pas disposés à faire marche arrière.

Hier, en ouverture du sommet, le chef du régime militaire nigérien Abdourahamane Tiani a affirmé que les peuples de leurs trois pays avaient «irrévocablement tourné le dos à la Cédéao». Le général Tiani s’exprimait devant ses homologues burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, et malien, le colonel Assimi Goïta.

Les trois hommes, tous vêtus de leurs habits militaires, se sont rendus vers 13h (12h GMT) au centre de conférences de Niamey où le sommet s’est tenu sous haute sécurité. Le général Tiani a appelé à faire de l’AES une «alternative à tout regroupement régional factice en construisant une communauté souveraine des peuples, une communauté éloignée de la mainmise des puissances étrangères».

Les relations AES-Cédéao se sont considérablement détériorées à la suite du coup d’Etat du 26 juillet 2023 ayant porté le général Tiani au pouvoir. La Cédéao avait alors pris de lourdes sanctions économiques contre le Niger et menacé d’intervenir militairement pour rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum, dans ses fonctions.

Les sanctions ont depuis été levées, en février, mais les relations entre les deux camps restent glaciales, malgré des appels de certains présidents ­– sénégalais et mauritanien notamment – à renouer le dialogue. La Cédéao doit tenir aujourd’hui un sommet de ses chefs d’Etat, à Abuja, où la question des rapports avec l’AES sera au menu des discussions. «L’AES constitue le seul regroupement sous-régional efficient dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, la Cédéao ayant brillé par son déficit d’implication dans cette lutte», a également déclaré le général Tiani hier.

Avant lui, le capitaine Traoré avait estimé que l’Afrique continuait de «souffrir du fait des impérialistes». «Nous mènerons une guerre sans merci à quiconque osera s’attaquer à nos Etats», a-t-il ajouté. Assimi Goïta avait de son côté appelé à faire de l’AES «un modèle de coopération et d’intégration sous-régionale» et assuré que les armées des trois pays «opèrent en totale complémentarité face aux attaques terroristes».

Début mars, Mali, Burkina et Niger avaient annoncé la création d’une force conjointe antiterroriste. Le sommet d’hier doit consacrer la transformation de cette alliance en confédération. Le projet avait été finalisé par les ministres des Affaires étrangères en mai, mais doit encore être adopté par les chefs d’Etat des trois pays, qui comptent quelque 72 millions d’habitants.

Les pays de l’AES ont fait de la souveraineté une ligne directrice de leur gouvernance. Ils ont tour à tour chassé les soldats français engagés dans la lutte antiterroriste sur leur sol et se sont tournés vers d’autres pays comme la Russie, la Turquie et l’Iran, qu’ils qualifient régulièrement de «partenaires sincères». Ils font face depuis des années à des violences terroristes meurtrières, en particulier dans la zone dite des «trois frontières», où des groupes liés à Al Qaïda et l’Etat islamique tuent civils et soldats dans des attaques et entraînent le déplacement de millions de personnes.

Berlin va abandonner sa base aérienne au Niger

L’armée allemande va cesser d’exploiter sa base de transport aérien au Niger le 31 août, les négociations avec le régime militaire de ce pays du Sahel ayant échoué, a indiqué hier le ministère allemand de la Défense. Les soldats de la Bundeswehr qui y sont encore stationnés vont se retirer d’ici au 31 août, a-t-il ajouté.

La coopération militaire avec le Niger, effectuée avec le ministère allemand des Affaires étrangères, sera également abandonnée, a-t-il poursuivi. Le régime militaire du Niger issu d’un coup d’Etat perpétré le 26 juillet 2023 s’est rapproché de la Russie et de l’Iran, et s’est éloigné de la France, ex-puissance coloniale, et des Etats-Unis.

Une évolution similaire aux Mali et Burkina Faso voisins, également dirigés par des militaires et confrontés à la violence de groupes terroristes. Fin mai, l’Allemagne et le Niger avaient convenu d’un accord intérimaire permettant à la Bundeswehr de continuer à exploiter sa base de transport aérien à Niamey jusqu’au 31 août.

Cependant, les négociations entre les deux pays pour prolonger cette exploitation n’ont pas abouti, butant notamment sur le fait que le personnel stationné ne pourrait plus bénéficier d’immunité contre des poursuites judiciaires.

Ces derniers temps, seuls 38 soldats de la Bundeswehr étaient présents sur la base, auxquels s’ajoutaient 33 collaborateurs de firmes allemandes et étrangères. Elle pouvait notamment servir à des opérations d’évacuation de ressortissants allemands en Afrique.

 

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