Hostiles aux nouveaux projets de loi du gouvernement encadrant l’activité syndicale dans le pays, une trentaine de syndicats algériens de la Fonction publique, dont les membres de la Confédération des syndicats algériens (CSA), regroupant de syndicats autonomes des secteur de la santé, de l’éducation et du secteur économique, et les sections syndicales de la Fédération des travailleurs de la santé publique affiliée à l’UGTA, ainsi que d’autres syndicats ont décidé de saisir le président de la République ainsi que le Conseil constitutionnel. Tout récemment, dans un communiqué, ils ont appelé les travailleurs à «s’engager dans un mouvement de protestation dont la forme et la date seront déterminées ultérieurement». Les syndicats demandent le retrait pur et simple des deux projets de loi ou bien des modifications substantielles de plusieurs articles. Parmi les points de discorde, figure l’article 12 qui interdit «tous liens structurels entre syndicats et partis politiques», une manière de dissocier l’action politique de l’action syndicale et éviter «l’instrumentalisation politique et idéologique des syndicats des travailleurs par des partis politiques et idéologiques». En outre le projet de loi prévoit «d’empêcher les grèves dans les secteurs stratégiques de sensibilité souveraine et dans les intérêts fondamentaux d’importance vitale pour la nation». Cette interdiction concerne les secteurs où «la cessation d’activité peut mettre en danger la vie, la sécurité ou la santé du citoyen, ou la possibilité que la grève puisse conduire à une crise grave», d’après le document élaboré par le ministère du Travail. L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a déploré ne pas avoir été associée à l’enrichissement des deux projets de loi en soulignant qu’ils contredisent les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, en particulier les conventions 98 et 87, et la Constitution algérienne concernant les droits civils et politiques, en plus de ne pas promouvoir le travail syndical et les libertés en Algérie. Il est à rappeler que le 10 janvier, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, a présenté le projet de loi relatif à la prévention et au règlement des contentieux collectifs au travail et à l’exercice du droit de grève en soulignant que ce texte de loi se décline en 5 chapitres et comprend 91 articles. Il «renvoie les modalités d’application de certaines dispositions à des textes d’application en cours d’élaboration». Le ministre du Travail a précisé, à cette occasion, que le projet de loi «accorde un intérêt particulier à l’encadrement de l’exercice du droit de grève et aux incidences pouvant découler de l’interruption du service public» en annonçant que dans ce projet de loi, recourir aux «grèves illégitimes» peut mener une organisation syndicale à sa dissolution .