Le gouvernement a justifié cette suspension par un «risque réel» pour la «sécurité nationale» sur fond de l’affaire «Missie Moustass», une diffusion d’enregistrements impliquant un grand nombre de décideurs politiques.
Les Mauriciens se sont réveillés ce 1er novembre privés de leurs réseaux sociaux favoris, Facebook, TikTok, et YouTube étant inaccessibles. Ce blocage intervient à seulement dix jours des élections législatives prévues pour le 10 novembre, et fait suite à un ordre de l'Autorité des technologies de l'information et de la communication (ICTA) transmis aux opérateurs télécoms, invoquant des «publications illégales» et des risques pour la «sécurité nationale». Depuis mi-octobre, une série de fuites, surnommées «Missie Moustass», a dévoilé des conversations téléphoniques de politiciens, journalistes et membres de la société civile, jetant une lumière crue sur des dysfonctionnements au sein de l'État et suscitant des inquiétudes quant à des abus de pouvoir.
Le bureau du Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth, dont la voix aurait été entendue dans ces enregistrements, a justifié cette suspension par la nécessité de préserver la sécurité nationale. Cependant, cette décision a entraîné des réactions vives : Didier Sam-Fat, président du National Cybersecurity Committee, a démissionné en signe de protestation, et plusieurs figures de l’opposition dénoncent une atteinte à la liberté d’expression. Paul Bérenger de l'Alliance pour le changement et Nando Bodha du groupe Linion Reform accusent le gouvernement de restreindre les droits fondamentaux pour détourner l’attention d’un scandale croissant et prévenir toute influence de l’affaire sur l’issue des élections.
La coupure des réseaux sociaux dans un contexte électoral suscite des inquiétudes internationales, car Maurice est connue pour sa stabilité démocratique en Afrique. Les opposants appellent la Commission électorale à intervenir pour garantir l'intégrité du processus électoral. Le blocage de ces plateformes, dans un pays où plus de la moitié de la population utilise Facebook, pourrait restreindre les échanges d'informations, impactant ainsi le débat public et la transparence en amont du scrutin.