Durant la crise de salinité messinienne, la mer Méditerranée s’est transformée en une accumulation de sel. Des scientifiques viennent de trouver la cause de cet événement extrême.
Il y a plus de 5,5 millions d’années, le bassin méditerranéen était loin de ressembler à ce qu’il est aujourd’hui. Durant une crise de la salinité, la mer s’est vidée de 70% de son eau et s’est remplie de sel. Dans une nouvelle étude publiéedans la revue Nature Communications, des scientifiques ont identifié les raisons de cette accumulation. En analysant les isotopes de chlore contenus dans le sel des fonds marins méditerranéens, Giovanni Aloisi, chercheur au CNRS, et son équipe ont identifié les deux phases qui ont mené à l’accumulation d’un million de kilomètres cubes de sel dans le bassin méditerranéen.
Une évaporation extrême en moins de 10 000 ans «Au cours de la première phase, d’une durée d’environ 35 000 ans, le dépôt d’halite (sel sous forme de minéral) s’est produit uniquement dans l’est de la Méditerranée, déclenché par la restriction de l’écoulement méditerranéen vers l’Atlantique, dans un bassin méditerranéen par ailleurs rempli de saumure», expliquent les scientifiques. Ainsi, le détroit de Gibraltar se serait rétréci, restreignant les flux d’eau entre la mer et l’océan. La seconde phase s’est déroulée sur l’ensemble de la Méditerranée, lorsque le détroit de Gibraltar s’est complètement fermé, stoppant l’afflux d’eau océanique, et laissant la mer se dessécher. En moins de 10 000 ans, le niveau de l’eau a baissé de 1,7 à 2,1 km dans la partie orientale et d’environ 0,85 km dans la partie occidentale de la Méditerranée. «Le bassin oriental de la Méditerranée a perdu jusqu’à 83 % de son volume d’eau et de grandes parties de ses marges se sont desséchées, tandis que ses sous-bassins profonds [...] sont restés remplis de saumure de plus de 1 km de profondeur», détaille l’étude. Ces résultats fournissent de nouveaux éléments sur les phénomènes géologiques extrêmes qui ont touché notre planète par le passé.