Il s’est fait connaître par son bricolage hip-hop/électro : Chilly Gonzales, interprète insaisissable

14/09/2023 mis à jour: 12:06
AFP
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Le compositeur et musicien de jazz canadien sort son premier album en français - Photo : D. R.

Charles Aznavour, les Daft Punk, mais aussi Richard Clayderman : pour son premier album en français, l’insaisissable Chilly Gonzales cite dans ses chansons des piliers de son panthéon, tous côtoyés. C’est difficile à imaginer, mais le Canadien, apparu au début des années 2000 avec son bricolage hip-hop/électro, fut bien sollicité comme arrangeur pour Charles Aznavour.

Histoire qui inspire Gangstavour, morceau de French kiss, album qui sort ce vendredi. «Aznavour était poussé à faire un album avec une autre équipe, lui s’est dit ‘pourquoi pas ? J’aime quand ma maison de disques dépense de l’argent pour Moi’ (rires), mais il était sceptique», raconte à l’AFP Chilly Gonzales, qui partage son temps entre Cologne (Allemagne) et un appartement sur l’île Saint-Louis à Paris. Et de décrire une «atmosphère de rapport de force», avec cette mégastar de la chanson française à l’attitude de «rappeur».

Exemple : arrivé en avance le premier jour et froissé d’attendre à la porte du studio l’arrivée de Chilly Gonzales, l’interprète de La bohème donne rendez-vous le lendemain à 10h. Et arrivera évidemment à 11h en lançant à la cantonade : « ‘Alors, c’était bon le rendez-vous de 10h00 ?’.» «Quelque part c’est génial», commente aujourd’hui Chilly Gonzales, qui parle de souvenirs «touchants ».

Même si lui et sa bande «ont été virés après trois semaines : un jour, monsieur Aznavour n’est pas revenu et a refait l’album depuis la première note avec une autre équipe». D’autres monuments de la culture française sont cités dans French kiss. On entend ainsi : «Je suis trop fier, de parler la langue de Voltaire/Flaubert, Baudelaire et Bangalter.» Thomas Bangalter, c’est la moitié de Daft Punk. «Gonzo», un de ses surnoms, avait travaillé sur Random access memories, album du duo casqué, aujourd’hui séparé.

Duo avec Juliette Armanet

«Je viens de les recroiser, ils ont fait une série de vidéos pour les 10 ans de ‘Random...’, je leur ai dit ‘mais vous êtes très actifs maintenant que c’est fini+», s’amuse le chanteur. C’est une de ses nombreuses collaborations prestigieuses, dans une carrière en grand écart entre association avec le rappeur superstar Drake et récitals seul au piano en robe de chambre et pantoufles.

Chez Bangalter - qu’il connaît mieux que Guy-Manuel de Homem-Christo, autre cerveau de Daft Punk - il salue la démarche pour ‘Mythologies’, pièce pour orchestre symphonique écrite pour le chorégraphe Angelin Preljocaj. «Thomas aurait pu embaucher un orchestrateur et, lui, se concentrer uniquement sur les grandes lignes, mais il a plongé dans les traités d’instrumentation de Berlioz, pour retrouver ce que j’appelle le cerveau du débutant.» «Gonzo» rend hommage dans French kiss au pianiste Erik Satie mais dédie aussi une chanson à Richard Clayderman, Richard et moi, en lui cédant le clavier sur ce titre.

«Richard, je le connais depuis 2005, c’est un peu mon papa musical, il m’a prouvé qu’en étant pianiste on peut rêver d’être star, et pas que prof de piano: des copines de mon âge avaient son poster, ados.» «Il a amené beaucoup de gens à écouter du piano, je ne comprends pas pourquoi il est à ce point snobé.» Le titre qui précède s’appelle Piano à Paris et on y entend la voix de Juliette Armanet, autre bel échantillon d’un album pop et pochette-surprise. 

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