IGAD : Le Soudan gèle son adhésion

21/01/2024 mis à jour: 23:58
AFP
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Le ministère soudanais des Affaires étrangères, loyal à l’armée du général Abdel Fattah Al Burhane en guerre contre les paramilitaires du général Mohammed Hamdane Daglo, a annoncé hier «geler» son adhésion à l’Igad, le bloc régional d’Afrique de l’Est qui a reçu jeudi le général Daglo. 

Mardi déjà, Khartoum avait annoncé «geler ses relations» avec l’Igad avant une réunion jeudi en Ouganda où la guerre lancée le 15 avril au Soudan était à l’ordre du jour. Hier, le ministère a indiqué dans un communiqué que le général Al Burhane «avait envoyé une lettre samedi 20 janvier 2024 au président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, actuellement à la présidence de l’Igad, pour l’informer de la décision du gouvernement soudanais de geler son adhésion à cette organisation». Le général Al Burhane – de facto chef du Soudan depuis son putsch d’octobre 2021 – avait boycotté jeudi la 42e assemblée extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Igad, alors que le général Daglo avait été reçu, de même que l’ancien Premier ministre civil Abdallah Hamdok, limogé lors du putsch. A l’issue de cette réunion, l’Igad avait réclamé un «cessez-le-feu immédiat et sans condition» dans une guerre «injuste qui affecte le peuple soudanais». 

Le bloc s’est dit «toujours prêt à offrir ses bons offices pour faciliter un processus de paix inclusif». L’Igad a une nouvelle fois réclamé une rencontre «en face-à-face» entre les deux généraux en guerre, initialement annoncée fin décembre et sans cesse repoussée depuis. Jeudi soir, dans son communiqué final, l’Igad disait donner «deux semaines» aux deux hommes - qui avaient mené ensemble le coup d’Etat contre les civils avant de retourner leurs armes l’un contre l’autre - pour se rencontrer. Le ministère soudanais des Affaires étrangères affirme que c’est cette inscription à l’ordre du jour sans l’aval du Soudan qui a valu la prise d’une mesure supplémentaire vers un retrait de Khartoum de l’organisation. 

Quant au communiqué final, ajoute-t-il, «il comporte des termes qui violent la souveraineté du Soudan et blessent les sentiments des victimes des atrocités de la milice rebelle», le terme par lequel les pro-armée désignent les Forces de soutien rapide (FSR) du général Daglo, accusées notamment d’atrocités et possiblement de «génocide» au Darfour (ouest du Soudan) par l’ONU. 

Sur le terrain, le chef de la mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Soudan, Peter Kioy, a affirmé vendredi que les équipes de l’ONU restaient au Soudan pour apporter des secours, exprimant sa «frustration» face à l’incapacité d’atteindre des millions de civils qui ont désespérément besoin d’une aide humanitaire urgente. Le responsable de l’ONU a mis en garde contre «la propagation des violents combats entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) dans tout le pays, et sur ce qui se dit sur la possibilité qu’ils atteignent Port Soudan, à l’est, où travaillent les organisations internationales et humanitaires». 

Kioy a souligné que la communauté humanitaire ne peut pas superviser ni accéder aux zones vers lesquelles les gens fuient, ce qui rend «difficile pour nous de garantir les droits de protection internationale qui devraient leur être garantis», précisant aussi que «la situation est très dangereuse, dans certaines zones, et que l’espace humanitaire se rétrécit, le conflit ayant récemment atteint les Etats de Gezira et du Nil Blanc, ce qui signifie que les acteurs humanitaires ont été contraints de partir». 

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