Par Pr Kheireddine Merad-Boudia
Le grand Pr Mohamed Toumi, vaillant combattant et professeur de cardiologie émérite, nous a quittés le 12 avril 2024 à l’âge de 98 ans. Selon son souhait, il a été enterré dans un petit cimetière pas très loin de chez lui restant fidèle à son image d’homme simple et humble. A ce jour, à presque un mois et demi de sa mort, sa famille, ses élèves, ses amis et ses collègues ressentent toujours une vive douleur et un immense chagrin.
Beaucoup de personnes ont écrit sur lui, notamment le Pr Khiati, qui a parfaitement décrit sa biographie ainsi que M. Benachenhou qui a fait son éloge de façon remarquable. Pour ma part, je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit. J’ai connu le Pr Toumi en 1964, alors qu’il revenait de Montpellier où il venait de finaliser sa thèse. A cette époque, le Pr Tadei, qui était resté en Algérie, a permis avec les Pr.Toumi et Boudjellab la relance de la Faculté de médecine d’Alger à qui nous devons rendre hommage et gratitude.
Ils ont travaillé d’arrache-pied pour former massivement des étudiants futurs cardiologues permettant ainsi la prise en charge des patients cardiopathes et valvulaires. Le Pr. Toumi a toujours refusé de se mettre en avant, refusé les honneurs et la présidence de la société de médecine d’Alger et de la société de cardiologie.
M.Toumi était un conteur passionnant, notamment pour raconter les anecdotes du maquis. C’était un combattant courageux, exerçant la médecine de guerre tout en procédant à la vaccination des habitants dans la zone où il était affecté. Il a d’ailleurs écrit un ouvrage sur la médecine au maquis, notamment sur le traitement des plaies et la consolidation des membres brisés.
Le soir de son décès, une femme d’un certain âge, ancienne moudjahida, racontait avec beaucoup d’émotion comment le Pr. Toumi organisait l’équipe médicale au maquis et l’avait formée comme infirmière. M.Toumi était un grand sportif, il faisait partie de l’équipe de boxe de Montpellier ; réputé pour son coup droit foudroyant, il ne fallait surtout pas le provoquer. Il a été le grand artisan d’une équipe de football de sa ville natale Bordj Menaïl. C’était le père de tout le monde, il était sollicité pour différents services, logement, emploi, prise en charge médicale, il le faisait avec beaucoup de générosité chaque fois que cela était possible.
Il était présent du matin au soir dans son service et travaillait énormément. Il avait une ouïe fine, certainement entretenue au maquis, nous le sollicitions souvent pour préciser l’origine anatomique d’un souffle cardiaque. Le Pr Toumi a été un combattant valeureux, un écrivain, un sportif et un cardiologue émérite. Pour reprendre les propos de M. Benachenhou, il était un héros, et c’etait vrai !
Pour ma part, je suis fier de l’avoir côtoyé et collaboré pendant toutes ces années. Je renouvelle mes condoléances les plus attristées à sa famille, à sa femme, brave et courageuse, à ses enfants à la trajectoire exemplaire, et les assure de mon entière disponibilité et de mon soutien indéfectible. Mohamed Toumi n’est plus, que Dieu ait son âme et l’accueille dans Son Vaste Paradis. K. M. B.