Cette année, la fête du bijou d’Ath Yenni est organisée en hommage à l’un des artisans de la région, Marouf Mohamed, qui est mort pour avoir servi la guerre de Libération nationale. Il est connu sous le nom de Larbi, ce bijoutier martyr, né 27 janvier 1904, était très apprécié dans la région surtout pour son savoir-faire exemplaire.
C’est lui qui confectionnait les galons des gradés de l’ALN. D’ailleurs, selon les témoignages des citoyens de la commune d’Ath Yenni, donnés à l’occasion de la Fête du bijou, Marouf Mohamed a été arrêté après que l’armée coloniale ait trouvé une lettre qu’il avait adressée au commandement de la Wilaya III, dans la sacoche de son beau-frère, le chahid Mesdoua Mohamed.
Ce dernier est mort en martyr, les armes à la main dans une embuscade à Berkmouche, une forêt chevauchant la commune d’Ath Yenni et celle de Larbaâ Nath Irathen. «Mesdoua Mohamed, en route vers les maquis des Ath Irathen, transportait des galons en argent destinés aux membres de l’Armée de libération nationale (ALN) qu’il avait récupérés chez Da Larbi au village d’Ath Larbaâ. L’armée coloniale, après avoir investi le village et encerclé la maison des Marouf, a procédé à une fouille minutieuse des lieux.
Lors de cette perquisition, les militaires ont trouvé d’autres insignes en cours de fabrication, également destinés au maquis, conformément aux résolutions de la plate-forme du congrès de La Soummam en août 1956», témoigne-t-on.
Lors de cette descente de l’armée coloniale, Marouf Mohamed a été emmené au campement installé à l’école Verdy d’Ath Yenni, actuel CEM Mezani, où se tient la Fête du bijou. Torturé et mutilé pendant des jours, Marouf Mohamed a rendu l’âme sous les coups des militaires français sans révéler un seul nom ou adresse de ses contacts au sein de l’ALN.
Il est resté silencieux jusqu’à sa mort en héros de la Guerre de libération nationale. Il a laissé derrière lui une veuve et six orphelins. Ce bijoutier a mis son savoir-faire au service de sa patrie. Les membres des familles du martyr Mohamed Marouf ont pris part, comme invité d’honneur, aux activités de la 18e édition de la Fête du bijou d’Ath Yenni.
Ghiles Aït Abdallah