Erigée pour la cavalerie française au lendemain de la colonisation de l’Algérie en 1877 pour la production d’étalons de races importées et celle locale dite cheval barbe, le haras national ou ex-jumenterie, a été implanté dans un site agréable à l’entrée de la ville tenant compte de l’écosystème des terres généreuses pour la production de fourrages et la disponibilité de l’eau, entre autres. Depuis, que de chemin a été fait, tant dans la reproduction que dans la préservation de races, dont celles de haute lignées. Chaou Chaoua reste aussi le berceau du barbe et terre de champions. Une existence de cette entité autour duquel ont été organisés dans la capitale du Sersou pas moins de neuf éditions du salon du cheval. Les deux dernières éditions l’étaient sous l’intitulé de festivals, vu le manque de financements et surtout de textes portant institutionnalisation de cette grandiose manifestation, comme souhaité par différents promoteurs et acteurs de l’événement majeur. Notre propos n’est pas de retracer l’historique du haras national Chaou Chaoua autour duquel se meuvent aussi plusieurs autres entités connexes comme l’Ondeec ou Office national de développement de l’élevage équin et camelin qui a son siège à Tiaret, le centre d’insémination artificielle, le centre équestre Emir Abdelkader, le champ de courses Kaïd Ahmed et de milliers de producteurs de chevaux et des stations de monte, mais d’évoquer les perspectives qui s’offrent à cette entité, qui a failli disparaître sous les coups de boutoir de l’indifférence des uns, d’usure du temps et d’une faillite presque programmée faute d’une politique du cheval claire et assumée. Heureusement que cette EPIC, qui a connu des années de vaches maigres, semble se ressaisir à l’aune d’un partenariat d’avec un privé dans le cadre de l’exploitation de ses terres destinées à l’intensification céréalière et l’élevage en parallèle à son activité centrale dédiée au noble compagnon de l’homme, le cheval. Disposant actuellement d’une assiette de 610 ha, alors qu’elle dépassait au début des années 2000 plus de 1200 ha, la jumenterie, dira son jeune directeur, Tafiani, «voit ses perspectives s’élargir». D’abord enchaîne-t-il grâce «à la réalisation de nouveaux bâtiments», alors que ses cultures fourragères suffisent pour l’alimentation du cheptel et surtout ces conventions de partenariat pour la production de viandes rouges et du lait pour l’une et pour la production de races ovines de type «rambi» prisée dans la région. «Partenariat limité qui court pour la période 2022/2025 avec un partenaire privé après avis et consultations de la tutelle mais aussi du conseil d’administration qui est pour le cas d’espèce, le DSA (directeur des services agricoles)», précise encore Mohamed Tafiani. Avant son intronisation au poste de directeur au lendemain du départ à la retraite de Saïd Abdelmoumène, «la situation était catastrophique», dira cet ex-cavalier qui continue de chérir le cheval, car «les travailleurs cumulaient des salaires impayés de 8 mois et une dette évaluée à 114 millions de dinars». C’est dans ce contexte de quasi-faillite qu’est intervenu le plan de redressement proposé au conseil d’administration qui réserve une partie de ses installations après des travaux d’aménagement pour les dédier au divertissement familial et aux visiteurs nombreux qui sollicitent la jumenterie. Lequel projet renchérit M. Tafiani a été proposé au wali, Ali Bouguera en marge d’un de ses dernières visites au site. Le projet devant s’étaler sur un hectare à proximité d’un espace vert de type forestier devrait comprendre une cafétéria, un restaurant, des plans d’eaux et jeux d’enfants et un espace pour la balade à dos de cheval, tout en espérant engranger des dividendes pour les caisses de la ferme. Jugés à 65%, les travaux d’aménagement s’opèrent, alors que déjà, certaines langues commencent à se délier, pour dire que la direction de la ferme n’aurait pas dû entreprendre le remplacement de la principale porte d’entrée, une œuvre il est vrai magistrale réalisée en fer forgée et sculptée qui fait office dans l’esprit de certains d’œuvre liée à ce patrimoine matériel et immatériel répertorié, classé et à préserver. Cumulant 19 années de travail dans le haras, cet homme de 45 ans, diplômé de l’université en gestion et économie des institutions, par ailleurs amoureux invétéré du cheval n’aura pas du temps à palabrer mais compte avec l’aide des 56 travailleurs «redoubler d’efforts pour valoir un destin meilleur» à celle qu’on catalogue comme première vitrine touristique mais aussi entité économique condamné à la réussite..