Les espaces réservés aux pépinières se sont rétrécis, la plupart des propriétaires terriens avaient commencé à vendre progressivement leurs terres.
Située dans la commune de Soumaa, pas loin de Boufarik, la localité de Hallouya a été longtemps réputée pour ses pépinières. C’était le principal gagne-pain de ses habitants et un savoir-faire dans la production des arbres, des plantes et des fleurs transmis de père en fils.
Ainsi, Hallouya, dont la terre était gorgée d’eau grâce à la basse altitude, abritait une centaine de pépinières proposant des végétaux de qualité. Durant l’époque coloniale, ces dernières étaient même exportées en France, puisqu’elles avaient pignon sur rue et appréciées dans ce pays manquant de douceur climatique.
Invasion du béton
Malheureusement, et avec le temps, les espaces réservés aux pépinières se sont rétrécis, puisque la plupart des propriétaires terriens avaient commencé à vendre progressivement leurs terres. Et ce phénomène continue de sévir au détriment de la bonne et généreuse terre de Hallouya. «A cause des manques d’aide et de soutien, nous sommes dans l’obligation de sacrifier des terres pour qu’elles soient bétonisées par la suite.
C’est certes malheureux, mais impossible de vivre dans la dignité à partir d’une activité, pourtant noble», avoue tristement un pépiniériste depuis au moins une cinquantaine d’années. Un autre ajoute : «A une certaine période, il était plus facile d’importer du plant que de le produire ici.
Avec le discours officiel concernant le renouveau agricole, les pépiniéristes de Hallouya, soit le peu qui reste et qui résiste, espèrent l’implication des hautes autorités du pays pour sauver une filière en voie de disparition dans son fief». Faisant travailler des subsahariens en situation irrégulière faute de main-d’œuvre locale, les «résistants» verts espèrent, aussi, que des aides soient allouées au profit des travailleurs de la terre.
«Nous n’avons pas assez de moyens financiers pour pouvoir payer convenablement nos travailleurs. Il serait donc plus que souhaitable que l’Etat partage avec nous le côté pécuniaire afin qu’on puisse recruter, à l’aise, les techniciens et les ouvriers de notre domaine.»
Le wali interpellé
En assistant impuissant face à «l’empire» kényan, un pays considéré depuis quelques années comme étant l’un des plus grands producteurs de fleurs au monde et en regrettant surtout le fait que la ville des Roses importe ses roses de ce pays africain, des pépiniéristes, voulant jusque-là garder l’anonymat, estiment que la balle est dans le camp du wali.
Pour eux, il est urgent pour que le wali trace une stratégie afin de faire bénéficier les pépiniéristes de terrains agricoles, et ce, en collaboration avec l’Office national des terrains agricoles.
Ils disent qu’ils sont prêts à entrer en partenariat avec des exploitants agricoles relevant des EAC et EAI, d’autant que plusieurs exploitations de ce genre, dont le foncier appartient à l’Etat, ne sont pas exploitées à bon escient. «Pour cela, nous invitons le wali de Blida à venir à Hallouya, discuter avec les pépiniéristes afin d’être bien au fait de nos doléances.
Il s’agit-là de sauver un métier qui meurt avec la disparition des aînés malheureusement, et surtout de sauvegarder la vocation initiale de toute une région connue pour la fertilité de son sol et des végétaux de qualité qu’elle produit», lancent-ils.
Un producteur de végétaux avoue avec tristesse que le passé agricole de la région est plus «beau» que le présent, où le vert est de plus en plus menacé d’extinction ! «Avec un terrain de 4 hectares et des aides de l’Etat, je peux vous garantir que nous arriverons à contribuer à sa satisfaire la demande locale en végétaux locaux.»
Il espère aussi que Blida puisse retrouver sa vocation de capitale des roses, de jasmin et d’el fel, de boulevard et rues bien verts... Pourvu que les autorités s’impliquent...