Guerre russo-occidental en Ukraine : Berlin compte réduire de moitié son soutien militaire à Kiev

18/08/2024 mis à jour: 06:43
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Les alliés de l’Ukraine travaillent sur un dispositif qui permettrait d’utiliser une partie des 300 milliards de dollars d’avoirs russes gelés dans le monde - Photo : D. R.

Cette décision a fait l’objet d’un accord entre le chancelier social-démocrate (SPD) et le ministre des Finances du parti libéral Christian Lindner, affirme le journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS) dans son édition du week-end.

Deuxième contributeur après les Etats-Unis, l’Allemagne compte réduire de moitié ses dépenses militaires au profit de Kiev en 2025, misant sur l’argent généré par les avoirs russes gelés pour continuer à soutenir le pays, rapporte l’AFP.

Le gouvernement d’Olaf Scholz, en quête d’économies budgétaires, ne prévoit «pas d’aides supplémentaires» aux 4 milliards d’euros inscrits dans son projet de budget de l’an prochain pour aider militairement Kiev, a indiqué hier une source parlementaire.

Il n’y aura pas non plus d’enveloppe additionnelle pour Kiev cette année, au-delà des 8 milliards d’euros de financement déjà approuvés. Cette décision a fait l’objet d’un accord entre le chancelier social-démocrate (SPD) et le ministre des Finances du parti libéral Christian Lindner, affirme le journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS) dans son édition du week-end.

Elle a d’ores et déjà des conséquences : à l’heure actuelle «aucune nouvelle commande n’est lancée pour l’Ukraine, car elles ne sont plus financées», a déclaré à l’hebdomadaire le député Andreas Schwarz, membre de la commission du budget et spécialiste des questions de défense.

Selon le FAS, il n’a ainsi pas été possible de financer, en juillet, un système de défense antiaérienne de type IRIS-T en faveur de Kiev. Le ministère de la Défense voulait aussi commander cette année, hors budget 2024, des munitions d’artillerie et des drones, affirme le journal.

Cette décision rajoute de l’incertitude sur l’avenir du soutien militaire à Kiev, alors que l’aide militaire américaine est elle aussi en danger, en cas d’élection du républicain Donald Trump à la Maison-Blanche. Berlin ne prévoit pour 2026 qu’un plafond de trois milliards d’euros, et plus qu’un demi-milliard annuel pour 2027 et 2028, selon le FAS.

Pour compenser, l’Allemagne table sur «la création, dans le cadre du G7 et de l’Union européenne, d’un instrument financier utilisant les avoirs russes gelés», a toutefois affirmé une source au sein du ministère des Finances. «L’aide bilatérale allemande reste au plus haut niveau, mais mise sur l’efficacité de cet instrument», a ajouté la source.

«Frein à l’endettement»

Les alliés de l’Ukraine travaillent depuis plusieurs mois sur un dispositif qui permettrait d’utiliser une partie des 300 milliards de dollars d’avoirs russes gelés dans le monde pour soutenir Kiev dans sa guerre contre l’armée russe.

Un «accord politique» entre les pays du G7 a certes été trouvé mi-juin sur une proposition américaine visant à financer un prêt de 50 milliards d’euros, mais pour le moment, aucune mise en œuvre concrète de ce plan n’a été engagée. Berlin part pourtant «du principe que ces fonds seront utilisables à partir de 2025», a ajouté la source parlementaire.

«L’Occident, et donc l’Allemagne en tant que plus grand contributeur européen, ne relâchera pas son soutien à l’Ukraine», a assuré le député libéral allemand Karsten Klein, membre de la commission du budget.

Reste que le ministre des Finances a expressément écrit le 5 août à son homologue de la Défense, Boris Pistorius (SPD), pour lui demander de «garantir» que le plafond des 4 milliards budgétés l’an prochain sera respecté, selon le FAS.

Le projet de budget 2025 a fait l’objet d’âpres discussions au sein de la coalition tripartite entre Libéraux, Verts et sociaux-démocrates. Christian Lindner a demandé à ses homologues de faire des économies afin de respecter le «frein à l’endettement», une règle constitutionnelle qui vise à empêcher l’Etat de s’endetter de façon trop importante.

Le projet de budget doit encore être discuté au sein du Parlement, avant son adoption d’ici la fin de l’année. L’opposition chrétienne-démocrate (CDU), qui a le vent en poupe dans les sondages nationaux avant des élections régionales de septembre, à haut risque pour les partis de la coalition dans plusieurs Etats de l’est du pays, entend mettre la pression sur le gouvernement lors des discussions budgétaires qui auront lieu à l’automne.

«La coalition fait de la politique dans le style de Donald Trump, en stoppant toute aide supplémentaire à l’Ukraine en raison de dispute de politique intérieure», a observé, hier sur X, le député de la CDU Norbert Röttgen.
 

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