Guerre en Ukraine : Moscou met en garde contre le risque «réel» d’une troisième guerre mondiale

27/04/2022 mis à jour: 09:01
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Photo : D. R.

Ces déclarations interviennent au lendemain de la visite à Kiev, où ils ont rencontré le président Zelensky, du chef du Pentagone, Lloyd Austin, et du secrétaire d’Etat, Antony Blinken, la première de ministres américains depuis le début du conflit le 24 février.

La Russie a assuré vouloir poursuivre les négociations de paix avec l’Ukraine, tout en avertissant du danger «réel» que le conflit dégénère en troisième guerre mondiale, au lendemain de la visite de ministres américains à Kiev.

Alors que l’armée russe indique avoir frappé une centaine de cibles en Ukraine lundi, notamment des installations ferroviaires dans le centre du pays, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a accusé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, de «faire semblant» de discuter avec Moscou.

«C’est un bon acteur (...), si on regarde attentivement et on lit attentivement ce qu’il dit, vous allez y trouver un millier de contradictions», a affirmé le chef de la diplomatie russe, cité par les agences de presse russes. Mais «nous continuons de mener des négociations avec l’équipe» ukrainienne «et ces contacts vont se poursuivre», a-t-il déclaré.

Dans un contexte de tensions sans précédent entre Moscou et l’Occident en raison de la guerre en Ukraine, M. Lavrov a mis en garde contre le risque d’une troisième guerre mondiale. «Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer», a jugé M. Lavrov.

 Ces déclarations interviennent au lendemain de la visite à Kiev, où ils ont rencontré le président Zelensky, du chef du Pentagone, Lloyd Austin, et du secrétaire d’Etat Antony Blinken,  la première de ministres américains depuis le début du conflit le 24 février. Au retour de cette visite, le chef du Pentagone a estimé que Kiev pouvait gagner la guerre.

«La première chose pour gagner, c’est de croire que l’on peut gagner. Et ils (les Ukrainiens) sont convaincus qu’ils peuvent gagner (...) Ils peuvent gagner s’ils ont les bons équipements, le bon soutien», a déclaré lundi M. Austin. Lundi soir, le président Zelensky a lui estimé que la victoire ukrainienne n’était qu’une question de temps.  «Grâce au courage, à la sagesse de nos défenseurs, grâce au courage de tous les Ukrainiens, de toutes les Ukrainiennes, notre Etat est un véritable symbole de la lutte pour la liberté», a-t-il estimé dans son adresse du soir.

Nouvelle aide militaire

Les Etats-Unis, qui ont annoncé une nouvelle aide militaire directe et indirecte pour l’Ukraine de 700 millions de dollars – leur assistance atteint dorénavant 3,4 milliards –, ont accéléré leurs livraisons d’équipements militaires, que Volodymyr Zelensky ne cesse de réclamer. Ils fournissent désormais des armes lourdes pour contrer l’offensive russe qui se concentre sur l’est et le sud de l’Ukraine, après que les troupes de Moscou aient échoué dans la région de Kiev, d’où elles se sont retirées fin mars. M. Austin a dit vouloir «voir la Russie affaiblie à un degré tel, qu’elle ne puisse plus faire le même genre de choses que l’invasion de l’Ukraine».

Les livraisons d’armes à l’Ukraine devaient être au centre d’une réunion, hier en Allemagne, de M. Austin avec ses homologues de 40 pays alliés. «Nous allons pousser au maximum, aussi vite que possible, pour que les Ukrainiens reçoivent ce dont ils ont besoin», a déclaré le chef du Pentagone. Selon le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace, Moscou a perdu à ce jour «approximativement 15 000 hommes» en Ukraine, un chiffre invérifiable de source indépendante.

Moscou n’a donné aucun bilan depuis le 25 mars, lorsqu’elle avait affirmé avoir perdu 1351 soldats. L’armée russe a tiré lundi des missiles sur des installations ferroviaires ukrainiennes, faisant cinq morts et 18 blessés dans la région de Vinnytsia, important nœud ferroviaire dans le centre-ouest de l’Ukraine relativement épargné jusqu’ici.

Cinq gares du centre et de l’ouest du pays ont été visées, selon les chemins de fers ukrainiens. Selon le ministère russe de la Défense, son aviation a bombardé lundi 82 sites militaires ukrainiens, dont quatre postes de commandement et deux dépôts de carburant, et son armée a tiré des «missiles de haute précision» sur 27 cibles. De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a indiqué que l’armée russe continuait de renforcer ses défenses antiaériennes, de reconstituer les pertes liées à l’offensive précédente et de bombarder des infrastructures.

«Pas d’accord» pour évacuer Azovstal

D’après la même source, l’armée russe regroupe ses forces dans le Sud et a tenté d’avancer en direction de Zaporojjia (est), mais a subi des pertes et n’y est pas parvenue. Dans le port stratégique de Marioupol, à la pointe sud du Donbass, presqu’entièrement contrôlé par les Russes mais où sont toujours coincés quelque 100 000 civils, selon Kiev, la situation semblait bloquée.

Alors que les bombardements se sont poursuivis tout le week-end sur le vaste complexe métallurgique Azovstal, où sont retranchés les derniers combattants ukrainiens avec, selon eux, près de 1000 civils, Moscou a annoncé unilatéralement un cessez-le-feu sur Azovstal lundi à partir de 11h00 GMT. Mais Kiev a balayé cette annonce. «Aucun accord» n’a été conclu sur un couloir humanitaire qui permettrait de les évacuer, a déclaré la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk. «Le couloir annoncé n’offre aucune sécurité, donc il n’y a pas d’évacuation.»

Moscou a accusé Kiev d’avoir empêché les civils de quitter Azovstal. Dans le reste du Donbass, l’armée ukrainienne a affirmé avoir repoussé une série d’attaques russes dans les régions de Donetsk et de Lougansk, où beaucoup de localités, comme Roubijné, sont quotidiennement sous les bombes.

La Russie affiche son objectif de s’emparer de la totalité de ce grand bassin industriel – que les séparatistes qu’elle soutient contrôlent partiellement depuis 2014 – et de prendre le contrôle total du sud de l’Ukraine, où les combats sont aussi quotidiens. En Russie, un grand dépôt de carburant était lundi en flammes à Briansk, une ville située à 150 km de la frontière ukrainienne et servant de base logistique aux forces russes, selon Moscou. Les autorités n’ont pas précisé dans l’immédiat les causes de l’incendie.

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