Guerre en Ukraine : L’armée ukrainienne dit se préparer à «une ultime bataille» à Marioupo

12/04/2022 mis à jour: 17:14
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Marioupol a subi 40 jours de combats intenses

L’armée ukrainienne a dit hier se préparer à «une ultime bataille» dans le port dévasté de Marioupol, dans le sud-est du pays, assiégé par l’armée russe depuis plus de 40 jours. «Aujourd’hui sera probablement l’ultime bataille, car nos munitions s’épuisent (...). 

Ce sera la mort pour certains d’entre nous et la captivité pour les autres», a écrit sur Facebook la 36e brigade de la marine nationale, qui fait partie des forces armées ukrainiennes. «Nous sommes en train de disparaître lentement», souligne-t-elle, dans ce communiqué. «Pendant plus d’un mois, nous avons combattu sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau», faisant «le possible et l’impossible», a encore dit cette unité, ajoutant que «la moitié» de ses membres sont blessés. 

Pendant plus de 40 jours de combats intenses, «l’ennemi nous a progressivement repoussés (...), nous a encerclés et tente maintenant de nous détruire», a-t-elle expliqué, regrettant le manque d’aide «du commandement de l’armée et du président» Volodymyr Zelensky. «Nous avons seulement reçu une fois 50 obus, 20 mines, des missiles antichars NLAW», a déploré la brigade. «Rien d’autre ne nous a été donné (...). Il n’y a eu que des promesses non tenues.» 
 

Selon Oleksiï Arestovitch, un conseiller de la Présidence ukrainienne, «il est désormais impossible de briser le siège de Marioupol par des moyens militaires». «Je suis le premier qui ait eu le courage de dire, et maintenant de répéter que Marioupol ne pourra pas être libéré par des moyens militaires. Les troupes (ukrainiennes) n’y entreront pas», a-t-il déclaré dans une vidéo sur YouTube. «Nous n’avons pas suffisamment de forces et de moyens désormais», a soutenu M. Arestovitch, ajoutant que «des actions humanitaires, politiques» continuaient à être menées. 
 

Peur sur la ville
 

Dans un discours par visioconférence à l’Assemblée nationale de Corée du Sud, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé hier qu’«au moins des dizaines de milliers de citoyens de Marioupol ont dû être tués». «Les Russes ont complètement détruit Marioupol et l’ont réduite en cendres», a-t-il dit, accusant Moscou de vouloir faire de ce port stratégique «un exemple». 
 

De leur côté, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont commencé hier à discuter d’un sixième paquet de sanctions contre la Russie, mais le consensus devient de plus en plus difficile à trouver. «Discuter de l’Ukraine signifie discuter de l’efficacité de nos sanctions. Certaines ont déjà été décidées. Et les ministres discuteront certainement des prochaines étapes», a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à son arrivée à Luxembourg. 
 

La plupart des ministres ont plaidé pour «une approche maximaliste» face à Moscou, avec l’arrêt des achats de pétrole et de gaz russes dont les Européens sont très dépendants (respectivement environ 25% et 45% des importations totales pour ces deux sources d’énergie). Mais ils ont insisté, comme le Danois Jeppe Kofod et le Néerlandais Wopke Hoekstra, sur la nécessité de «maintenir le consensus sur les sanctions» et «l’unité au sein de l’Union européenne». 
 

Les cinq paquets de sanctions européennes, dont un embargo sur le charbon russe, ont tous été adoptés à l’unanimité des 27, mais le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, proche du président russe, Vladimir Poutine, refuse d’aller plus loin. «Nous savons que c’est très difficile pour certains Etats membres», a reconnu le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney. 
 

L’Allemagne, dont 55% du gaz vient de Russie, l’Autriche, l’Italie, la Hongrie sont encore très dépendantes de leurs achats de gaz à la Russie pour faire tourner leurs économies. «Mais l’Union européenne dépense des centaines de millions d’euros pour importer du pétrole de Russie, ce qui contribue certainement à financer cette guerre. Nous devons mettre un terme à ce financement, même si cela crée d’énormes défis et problèmes», a-t-il insisté. 
 

La ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, ne dit pas non, mais demande une concertation pour faciliter l’adoption de ces mesures. «Nous avons déjà clairement indiqué, en tant que gouvernement fédéral allemand, qu’il y aura un retrait complet de l’énergie fossile. En commençant par le charbon, puis le pétrole et le gaz, et afin de mettre cela en œuvre ensemble, nous avons besoin d’un plan convenu conjointement pour éliminer complètement les énergies fossiles dans l’Union européenne», a-t-elle expliqué. 
 

L’adoption d’un 6e paquet de sanctions n’est pas pour aujourd’hui (hier, ndlr). «Aucune proposition n’est sur la table», a expliqué un haut responsable européen. Mais les ministres devraient demander à la Commission de soumettre rapidement des propositions. Certains ministres ne cachent plus leur mécontentement face aux réserves de leurs partenaires. 
 

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