Guerre en Ukraine: Kiev face à un risque de black-out?

07/11/2022 mis à jour: 02:04
AFP
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Alors que la Russie cible depuis plusieurs semaines les infrastructures énergétiques Ukrainiennes, Kiev envisage différentes solutions, dont une évacuation. Plus de 4,5 millions d'Ukrainiens étaient sans électricité dimanche soir, la plupart à Kiev et dans sa région, a indiqué le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans son allocution quotidienne, reconnaissant une situation "très difficile".

La compagnie nationale d'électricité Ukrenergo prévoit ainsi un nouveau "déficit énergétique" pour lundi et des coupures tournantes de 6h jusqu'au soir. "La consommation devrait être réduite de 30%" pour stabiliser le réseau, a expliqué Ukrenergo.

Face à ces difficultés, le New York Times rapportait dans un article publié samedi que la capitale du pays, Kiev, se prépare à "un black-out complet qui nécessiterait l'évacuation des quelque trois millions de résidents restants de la ville".

"Aucune raison de paniquer"

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a reconnu samedi dans une interview télévisée ne pas exclure un scénario de black-out total dans sa ville: "nous calculons différents scénarios afin de résister et d'être prêts".

"Si nous étions amenés à manquer d'électricité ou d'eau, et que vous avez une famille élargie ou des amis en dehors de Kiev, dans des endroits épargnés par le manque d'eau ou de chauffage, gardez la possibilité d'y rester plus longtemps que prévu", a-t-il recommandé aux habitants de la ville.

Il a toutefois ajouté sur Telegram qu'il n'y avait "aucune raison de paniquer" à ce stade. Un avis partagé par Alexander Query, journaliste du Kyiv Independent, un média ukrainien anglophone. Il estime sur BFMTV que le ton de l'article du New York Times est "très dramatique" par rapport à la manière dont les habitants de Kiev perçoivent la situation.

Le fait que les autorités locales conseillent aux habitants de trouver un logement de secours hors de la ville "n'est pas quelque chose de nouveau", souligne-t-il.

Lesia Vasylenko, députée ukrainienne d'opposition ne dit pas autre chose: "Je ne dirais pas que c'est un appel d'urgence, qu'il y a du dramatisme, c'est plutôt un appel à se préparer".

Les coupures de courant régulières forcent toutefois les Ukrainiens à s'adapter: "On se prépare plus, on fait en sorte d'avoir des portables chargés", explique le journaliste.

"L'électricité a aussi un effet domino sur les communications" puisque les gens utilisent leurs portables pour avoir accès à Internet, ce qui "surcharge les bornes passantes" et "ralentit énormément les communications Internet", décrit Alexander Query.

Volodymyr Zelensky accuse l'Iran

Kiev n'est pas la seule ville à connaître ces difficultés. Après deux frappes dont Russes et Ukrainiens se renvoient la responsabilité, la ville de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, toujours occupée par l'armée russe malgré une poussée ukrainienne, a connu dimanche une coupure d'eau et d'électricité et le barrage de Kakhovka, dans la même région, a été endommagée.

La Russie tente de compenser ses défaites militaires en Ukraine en ciblant des infrastructures vitales pour soumettre ce pays en faisant "geler" ses habitants pendant les mois les plus froids, a estimé vendredi, à l'occasion du G7, le secrétaire d'État américain Antony Blinken.

Dans son discours dimanche, Volodymyr Zelensky a dit "être au courant que l'État terroriste (la Russie) concentre des forces et des moyens pour une possible répétition d'attaques massives sur nos infrastructures, en particulier énergétiques", et accusé l'Iran de fournir pour cela des missiles à Moscou.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, cité par l'agence officielle Irna, a reconnu samedi avoir fourni à la Russie "un nombre limité de drones, des mois avant la guerre en Ukraine". C'est la première fois que Téhéran fait état de la livraison de drones à Moscou.

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