Guerre d’Algérie : Appel à l’ouverture d’archives sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française

10/04/2022 mis à jour: 09:09
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Des historiens et journalistes ont lancé jeudi un appel aux autorités françaises pour que les archives militaires, «cadenassées», selon eux, sur le recours aux armes chimiques par l’armée française dans des grottes pendant la guerre d’Algérie soient ouvertes et consultables. 

«Soixante ans après la fin de la colonisation et de la guerre d’Algérie, on parle d’un ‘‘apaisement des mémoires’’. Mais est-ce possible (...) si l’accès aux archives est encore partiel ?» indique un communiqué des participants à une conférence de presse jeudi à Paris, dont les historiens Christophe Lafaye et Gilles Manceron. «Il en est ainsi de la ‘‘guerre des grottes’’, qui a fait rage durant la guerre d’Algérie dans les gigantesques réseaux souterrains de l’Aurès, du nord-est de l’Algérie et du massif du Djudjura dans la chaîne de l’Atlas, où des ‘‘sections de grottes’’ organisées par l’armée française ont été chargées d’utiliser des gaz toxiques contre les personnes, combattantes ou non, qui s’y trouvaient cachées», poursuit le communiqué répercuté par l’AFP. «Entre 1956 et 1962, la France a mené en Algérie une guerre souterraine contre le Front de libération national et l’ALN, qui utilisaient des réseaux souterrains, des grottes naturelles, des caches pour pouvoir combattre», a décrit M. Lafaye. 
 

L’armée française a elle s’est servi du gaz toxique «pour pouvoir chasser les indépendantistes de leurs réduits souterrains, faire des prisonniers pour recueillir du renseignement» mais aussi pour rendre inutilisables ces grottes. «Cette ‘‘guerre des grottes’’, c’est un grand impensé de la guerre d’Algérie», a-t-il lancé. «Ces faits sont connus mais n’ont jamais été travaillés parce qu’ils renvoient à une mémoire douloureuse, à des questions taboues – l’usage de l’arme chimique – et à un manque de sources, à des archives cadenassées.» 
 

L’historien appelle le président français, Emmanuel Macron, «à prendre un décret qui permette l’ouverture de l’intégralité de ces fonds d’archives sur la guerre souterraine, qui sont au ministère des Armées, et la levée des obstacles législatifs». «Il est encore possible, alors que les derniers témoins disparaissent, d’écrire cette histoire.» Grâce aux témoignages d’anciens combattants français, «on a appris qu’il y a eu beaucoup d’appelés (du contingent) au sein des unités qui utilisaient ces gaz toxiques ; certains en gardent une mémoire extrêmement traumatique», a-t-il souligné. 
 

Dans une enquête au long cours intitulée la «Guerre des grottes» et publiée dans la revue XXI, la journaliste Claire Billet, présente à la conférence de presse, a rencontré d’anciens militaires français qui ont accepté de raconter ce recours aux gaz toxiques. «On employait des gaz. C’était ça le ‘‘spécial’’ de notre section. Ça, fallait pas en parler. On fouillait la grotte, on la gazait, et, si possible, on faisait sauter l’entrée», a ainsi relaté à la journaliste un ancien appelé qui a passé 28 mois en Algérie. 
 

M. Macron a fait au cours de sa présidence plusieurs gestes pour tenter d’apaiser la mémoire douloureuse entre la France et l’Algérie. 
 

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