Des experts indépendants onusiens ont déclaré que la campagne «de famine intentionnelle et ciblée» menée par Israël contre le peuple palestinien est une forme de «violence génocidaire» et qu’elle a entraîné une famine dans l’ensemble de la bande de Ghaza. Ils ont ainsi appelé la communauté internationale à donner la priorité à l’acheminement de l’aide humanitaire par voie terrestre par tous les moyens nécessaires pour mettre fin au siège par Israël et instaurer un cessez-le-feu.
Les nouvelles vagues de déplacement touchent principalement des personnes qui ont déjà été déplacées à plusieurs reprises et qui se retrouvent contraintes de fuir à nouveau sous les bombardements», a souligné, dans son dernier rapport, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). «Ces personnes sont obligées de refaire leur vie à plusieurs reprises sans aucun de leurs biens ni aucune perspective de trouver la sécurité ou un accès fiable aux services de base.»
Pour sa part, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) rappelle qu’aucun endroit n’est sûr dans l’enclave palestinienne. «Alors que de nouveaux ordres d’évacuation ont été donnés à Ghaza, des familles continuent d’être forcées de fuir. Mais il n’y a aucun endroit sûr pour les personnes déplacées : les bombardements se poursuivent sur la bande de Ghaza, et les gens doivent retourner dans les zones détruites, malgré la menace de munitions non explosées», a déclaré, sur le réseau social X, l’UNRWA.
Les 7 et 8 juillet, l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes résidant dans 19 blocs de la ville de Ghaza d’évacuer immédiatement les lieux.
L’ordre du 7 juillet concernait 5 blocs et demandait aux résidents d’évacuer vers l’ouest de la ville de Ghaza, tandis que l’ordre du 8 juillet concernait 14 blocs, y compris les zones où les gens avaient fui un jour plus tôt, et demandait aux gens d’évacuer vers le sud vers des abris dans la soi-disant «zone humanitaire» à Deir Al Balah. Selon l’OCHA, les deux zones directement touchées comprennent 13 établissements de santé qui étaient récemment fonctionnels, dont deux hôpitaux, deux centres de soins de santé primaires et neuf points médicaux. En outre, 4 hôpitaux sont situés à proximité des zones d’évacuation.
Les quartiers concernés ont plus de 60 écoles transformées en abris ainsi que 2 hôpitaux qui fonctionnent partiellement, 6 points médicaux et 2 centres de santé primaire.
C’est dans ce contexte que des évaluations réalisées par l’OCHA et ses partenaires au cours des dix derniers jours sur les sites accueillant de nouvelles vagues de personnes déplacées ont révélé «des niveaux critiques de besoins dans tous les secteurs» et que 9 personnes sur 10 dans la bande de Ghaza sont maintenant estimées être déplacées.
Par exemple, le 4 juillet, les acteurs humanitaires ont rendu visite aux personnes déplacées qui s’étaient récemment installées à Deir Al Balah et Khan Younès depuis les zones de l’est de Khan Younès placées sous un ordre d’évacuation trois jours plus tôt.
Du bois et du plastique pour cuisiner
Sur deux sites qui accueillent plus de 10 000 personnes déplacées, les agences humanitaires ont souligné le besoin urgent et persistant d’eau potable, notant que les gens, en particulier les enfants, passent de longues heures à faire la queue pour aller chercher de l’eau chaque jour. L’accès aux soins de santé d’urgence est également un défi.
Dans le nord de Ghaza, l’OCHA et ses partenaires ont particulièrement souligné le manque d’abris sûrs pour les 80 000 personnes déplacées qui ont été forcées de fuir précipitamment Shujaiyeh et d’autres parties de l’est de la ville de Ghaza. Beaucoup ont dormi au milieu de déchets solides et de décombres, sans matelas ni vêtements suffisants, et certains ont cherché refuge dans des installations de l’ONU et des bâtiments résidentiels en partie détruits.
En l’absence de gaz de cuisine et d’un approvisionnement stable en nourriture, mentionne l’Onu sur son site internet, les cuisines communautaires ont également du mal à fonctionner, ce qui entraîne une réduction du nombre de repas préparés dans toute la bande de Ghaza. Pendant ce temps, les ménages déplacés continuent à utiliser du bois et du plastique provenant des meubles et des déchets pour cuisiner, ce qui aggrave les risques pour la santé et l’environnement.
Grave pénuries de carburant
L’OCHA indique aussi que les hostilités en cours, les routes endommagées, les restrictions imposées à l’accès et l’absence d’ordre public et de sûreté empêchent toujours les mouvements sur la route principale des camions chargés d’aide humanitaire, allant du point de passage de Kerem Shalom et à Khan Younès et Deir Al Balah.
Cette situation cause des pénuries de carburant et compromet les opérations humanitaires. Elle accroît aussi le risque que les fournitures, en particulier les vivres, pourrissent sous la chaleur estivale. Les partenaires humanitaires disent que ces pénuries les ont forcés à réduire les rations alimentaires dans le centre et le sud de Ghaza le mois dernier et a affaibli leur faculté de garder les boulangeries et les cuisines communautaires ouvertes.
Seulement 3 boulangeries sur les 18 qu’ils soutiennent sont encore opérationnelles à Ghaza et toutes les trois sont à Deir Al Balah. Le manque de carburant a contraint 9 boulangeries, qui ne fonctionnaient que partiellement, à cesser complètement leur activité. Sur un autre plan, des experts indépendants onusiens ont déclaré que la campagne «de famine intentionnelle et ciblée» menée par Israël contre le peuple palestinien est une forme de «violence génocidaire» et qu’elle a entraîné une famine dans l’ensemble de la bande de Ghaza.
Ils ont ainsi appelé la communauté internationale à donner la priorité à l’acheminement de l’aide humanitaire par voie terrestre par tous les moyens nécessaires, à mettre fin au siège par Israël et à instaurer un cessez-le-feu.
«Le monde entier aurait dû intervenir plus tôt pour mettre fin à la campagne de famine génocidaire d’Israël et éviter ces décès», ont affirmé les experts. Ils estiment que 34 Palestiniens sont morts de malnutrition depuis le 7 octobre, la majorité étant des enfants. «L’inaction est synonyme de complicité», ont-ils souligné, relevant que les récents décès d’enfants palestiniens dus à la faim et à la malnutrition ne laissent aucun doute sur le fait que «la famine s’est étendue à l’ensemble de la bande de Ghaza».
A ce sujet, ils ont cité le cas de Fayez Ataya, qui avait à peine six mois, et qui est mort le 30 mai 2024. Un autre enfant de 13 ans (Abdulqader Al Serhi) serait mort le 1er juin 2024 à l’hôpital Al Aqsa de Deir Al Balah. Ahmad Abu Reida, âgé de 9 ans, est mort le 3 juin 2024 dans la tente abritant sa famille déplacée à Al Mawasi, Khan Younès.
«Ces trois enfants sont morts de malnutrition et d’un manque d’accès à des soins de santé adéquats», ont regretté les experts. «Avec la mort de ces enfants, morts de faim malgré les soins médicaux prodigués dans le centre de Ghaza, il ne fait aucun doute que la famine s’est propagée du nord de Ghaza au centre et au sud de Ghaza.» Selon les experts, la mort d’un enfant à cause de la malnutrition et de la déshydratation indique que les structures sanitaires et sociales ont été attaquées et sont gravement affaiblies.
Outre les 5 membres du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, ce communiqué a été endossé par six autres experts indépendants, dont Francesca Albanese, rapporteure spéciale sur la situation dans les territoires palestiniens occupés, et Michael Fakhri, rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation. Ces experts, nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, sont indépendants, travaillent sur une base volontaire et ne font pas partie du personnel des Nations unies.
Cisjordanie occupée : Les forces israéliennes détruisent 20 hectares de terres
Les forces d’occupation israéliennes ont détruit environ 20 hectares de terre en Cisjordanie occupée avec des bulldozers, ont rapporté hier des médias. Le chef du conseil municipal d’Ummu Safa à Ramallah, Marwan Sabbah, a déclaré que les forces d’occupation sioniste ont fait une incursion dans la zone dans la matinée d’hier.
Sabbah a indiqué que l’armée d’occupation sioniste a détruit environ 200 hectares de terres appartenant aux Palestiniens avec des bulldozers dans la ville d’Ummu Safa. Signalant qu’il y avait des oliviers et des vignes sur ce terrain propice à l’agriculture, il a rapporté que les forces d’occupation sioniste ont tout détruit sur le terrain, y compris les murs de soutènement et les arbres, à l’aide de bulldozers. Sabbah a également expliqué que les forces d’occupation sioniste ont utilisé des balles réelles et des gaz pour disperser les résidents qui ont réagi au raid.
Et d’ajouter que les forces d’occupation sioniste «tentent d’évacuer la zone afin de contrôler les terres des agriculteurs palestiniens». Par ailleurs, il a été rapporté que les forces sionistes, qui ont usurpé des terres palestiniennes, ont effectué un raid près de la ville de Turmus Aya, au nord de Ramallah. Selon des témoins oculaires, les forces d’occupation sioniste qui se sont emparés des terres palestiniennes, ont mis le feu à un entrepôt agricole et porté des inscriptions sur les murs des maisons palestiniennes.
Depuis le 7 octobre 2023, les détentions, les raids et les attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée et à El Qods-Est se multiplient, 571 Palestiniens sont tombés en martyrs dans des attaques menées par des soldats sionistes et des colons qui ont usurpé des terres palestiniennes depuis le 7 octobre 2023.