Grâce à un satellite nord-coréen : Pyongyang affirme observer des bases américaines

23/11/2023 mis à jour: 03:04
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La Corée du Nord a affirmé hier que son dirigeant Kim Jong-un a examiné des photographies des principales bases militaires américaines à Guam grâce à son premier satellite espion qu'elle assure avoir placé en orbite. 

Kim Jong-un «a regardé les photos aérospatiales de la base aérienne d'Anderson, d'Apra Harbour et d'autres bases militaires majeures des forces américaines, prises du ciel au-dessus de Guam dans le Pacifique, reçues à 9h21 le 22 novembre», a annoncé KCNA, l'agence d'Etat nord-coréenne.  Une fusée, qui a décollé mardi soir, a suivi la trajectoire prévue «et est parvenue à mettre le satellite Malligyong-1 sur son orbite», a annoncé auparavant l'agence. La République populaire démocratique de Corée (RPDC), nom officiel de la Corée du Nord, prévoit de lancer d'autres satellites «dans un court laps de temps» afin de renforcer ses capacités de surveillance de la Corée du Sud, a-t-elle ajouté.

 «Le lancement d'un satellite de reconnaissance est un droit légitime de la RPDC pour renforcer ses capacités d'autodéfense», a indiqué KCNA, alors que le pays s'estime menacé par la Corée du Sud et les Etats-Unis. Un peu plus tard, l'armée sud-coréenne a affirmé que le satellite espion du Nord semble être entré en orbite, tout en précisant qu'il est trop tôt pour dire s'il fonctionne réellement. Selon l'état-major interarmées de la Corée du Sud, le satellite espion de Pyongyang «a été évalué comme étant entré en orbite à partir d'une analyse  complète des informations sur la trajectoire de vol et de diverses circonstances», ajoutant qu'il «faudra du temps pour déterminer si le satellite fonctionne réellement». 

De son côté, la Chine a appelé hier au «calme» et «à la retenue» toutes les parties concernées. «Toutes les parties concernées doivent rester calmes et faire preuve de retenue (...) et faire davantage de choses propices à l'apaisement des tensions», a exhorté devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning. La Corée du Nord a déjà tenté à deux reprises, sans succès, de mettre en orbite un satellite, en mai et en août derniers. La Corée du Sud a réagi en annonçant la suspension partielle d'un accord militaire signé avec la Corée du Nord le 19 septembre 2018 pour réduire les tensions le long de la frontière intercoréenne hautement sécurisée, en créant notamment des «zones tampon» maritimes.

«Tensions»

Un porte-parole du gouvernement sud-coréen a indiqué que Séoul n'a pas pu notifier directement à Pyongyang la suspension de cet accord, car «les lignes de communication avec la Corée du Nord sont coupées». Le lancement du satellite a également été condamné par les Etats-Unis, le Japon et les Nations unies. «N'importe quel lancement par la Corée du Nord qui se sert de la technologie de missiles balistiques est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité», a rappelé le porte-parole adjoint du chef de l'Onu Antonio Guterres, Farhan Haq, dans un communiqué. «Même s'ils appellent cela un satellite, le lancement d'un objet qui utilise la technologie des missiles balistiques est clairement une violation des résolutions des Nations unies», a mis en avant le Premier ministre japonais, Fumio Kishida. 

Ce tir est «une violation flagrante de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, augmente les tensions et risque de déstabiliser la région et au-delà», a réagi la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. Ce lancement intervient alors que le président russe, Vladimir Poutine, a suggéré en septembre, après une rencontre avec Kim Jong-un, que son pays pourrait aider Pyongyang à construire des satellites. Séoul et Washington ont par la suite affirmé que Pyongyang expédiait des armes à la Russie, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, avertissant que les liens militaires entre la Corée du Nord et la Russie sont «de plus en plus nombreux et dangereux».

La Corée du Sud prévoit pour sa part de lancer son premier satellite espion, via une fusée SpaceX, dans le courant du mois de novembre.
 

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