Après le grave glissement de terrain survenu dans la nuit de jeudi à vendredi au boulevard Seddik Benyahia, artère vitale reliant la cité Oued Kouba à la corniche d’Annaba, les autorités évaluent les pertes et envisagent des dédommagements. L’incident a endommagé des infrastructures essentielles, notamment les conduites de gaz, d’eau, d’électricité et de téléphone.
Outre les plaintes déposées par la commune d’Annaba et Sonelgaz contre le promoteur, la direction de la SDE (Sonelgaz) a déjà estimé les pertes. Selon un technicien de la direction, la valeur des câbles endommagés, affectant gravement le réseau électrique de moyenne tension (MT), s’élève à près de 20 millions de dinars. Les perturbations ont touché plusieurs quartiers stratégiques, notamment la corniche, Sidi Aïssa, le Village canadien de la Baie des Corailleurs et la cité Plaisance.
De plus, le centre de distribution d’Oued El Kouba (MT/MT), mis en service au mois de septembre dernier, a subi des dommages considérables. Des experts sont actuellement mobilisés pour évaluer leur ampleur exacte et insistent qu’il soit maintenu à sa place. La direction de Sonelgaz, consciente de la gravité de la situation, a annoncé : «Une étude est en cours pour proposer des solutions à long terme, notamment en sécurisant de nouveaux itinéraires pour les câbles.
Des inspections approfondies seront menées afin d’éviter la répétition d’incidents similaires.» Cependant, elle a également averti : «Malgré tous les efforts pour limiter les perturbations, les habitants des zones concernées risquent de subir des coupures intermittentes jusqu’à l’achèvement des réparations.»
Ce glissement a ravivé un débat ancien. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, publiée sur El Watan en mai dernier, Bouhara Abdelkader, représentant des habitants de la cité 100 logements, dénonçait des irrégularités flagrantes. Selon lui, le projet R+14 avec 4 sous-sols a été autorisé dans des conditions opaques : «On se demande comment un tel projet a pu voir le jour alors que le Plan d’occupation des sols (POS) dans cette zone n’autorise pas de construction au-delà de R+4.
Cette aire, jadis dédiée aux activités récréatives pour les jeunes, a été détournée par l’ex-délégation exécutive communale (DEC) et l’Agence foncière d’Annaba en 1999, puis vendue sans notre consentement à l’entreprise privée Encobat.» Le permis de construire, délivré initialement en 2014 et renouvelé en 2022, concerne un espace autrefois utilisé comme aire de jeux pour enfants.
L’affaissement de la chaussée n’a surpris personne. Dès mardi dernier, des fissures profondes s’étaient propagées sur plus de 20 mètres, témoignant d’une instabilité évidente de la route, pourtant récemment bitumée. Face à ce danger imminent, les habitants en colère ont bloqué la route dans les deux sens pour dénoncer la situation. Les forces de l’ordre sont intervenues rapidement pour sécuriser les lieux et ont procédé à la fermeture complète du boulevard, paralysant l’accès à la corniche. Un délai d’une semaine a été accordé au promoteur pour réparer les dégâts, sous peine de sanctions sévères.
L’enjeu est de taille : l’incident a non seulement provoqué une panique généralisée parmi les habitants, mais il a également mis en lumière des manquements criants dans la gestion urbanistique et la sécurisation des chantiers. Faut-il revoir à la baisse la hauteur de cet immeuble qui risque à l’avenir de causer un drame ? A suivre…