Générale de la pièce théâtrale Istirahet El Mouharridjine : Mise à nu de la torture durant l’occupation française

04/07/2023 mis à jour: 04:22
APS
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Une des scène de la pièce de théâtre Istirahet El Mouharridjine

Accueilli au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (Tna), le spectacle, mis en scène par Wahid Achour sur un texte traduit par Allaoua Djeroua Wahbi du roman éponyme de Noureddine Abba, a été programmé dans le cadre du «Mois du Théâtre», organisé en célébration du Soixantenaire de l’Indépendance de l’Algérie. 

Restituant la cruauté et l’abjection de l’occupant français, Istirahet El Mouharridjine a atteint son paroxysme en transformant des personnages de clowns, censés divertir et procurer la joie et le sourire, en tortionnaires et criminels aux méthodes abominables et aux pratiques inhumaines et odieuses. 

D’une durée de 90 minutes, les faits se déroulent dans un lieu se trouvant dans une caserne de l’armée coloniale, où un groupe de soldats français, déguisés en clowns, préparaient un spectacle pour asseoir de nouveaux rapports avec la population algérienne, visant à les «dédiaboliser» et à leur donner un visage plus humain qu’ils ne méritaient guère. 

Théâtre dans le théâtre : alors que les soldats sont en plein répétition dans un de leurs locaux réservés aux pratiques tortionnaires, une information sur le dépôt d’une bombe dans un endroit public encore inconnu, mais très fréquenté par les français, leur parvient. Rachid dit «Red Sun», un chimiste se faisant passer pour un plombier, se fait arrêter en possession d’une bouteille de vin qu’il venait de piéger et qui exploserait à son ouverture. 

Réussissant à tromper la vigilance de ses bourreaux, le jeune chimiste avait fait entrer la bombe à la caserne, où il surmontera courageusement une série d’interrogatoires soumis à la pratique monstrueuse de la torture, électrisation à la gégène, arrachage d’ongles, «cure par l’eau» ou simulacre de noyade. Les comédiens Mourad Filali, Ahmed Hamames, Oussama Tlilani, Nabil Messahel, Rime Ben zegouta, Rami Mentouri, Rafik Belhammadi et Abdelhamid Leytime, ont brillamment servi le spectacle, occupant l’ensemble de l’espace scénique dans un jeu concluant où le mouvement et les déplacements ont fait corps avec des dialogues au rythme soutenu. 

Basée essentiellement sur l’utilisation d’accessoires, la scénographie d’Imène Belhadj Mostepha a bien restitué les atmosphères lugubres des geôles, frappées d’un éclairage feutré voire sombre et des pantalons suggérant l’isolement et la psychose des prisons. 

Sur fond du «tic-tac» d’un compte à rebours et une nappe musicale inspirant l’angoisse et la fatalité, la bande son, signée Mounir Kabouche, a judicieusement été conçue pour illustrer les pulsions internes et les émotions fortes qui se dégageaient de chaque personnage, dans une trame dense aux échanges tenus dans la colère et la vocifération, renvoyant ainsi à l’utilisation de techniques d’expression inscrites dans le registre du théâtre de la cruauté. «A l’issue du spectacle, le public présent a longtemps applaudi l’ensemble des artistes.

Quoi de pire et d’inhumain que d’utiliser des clowns, qui d’habitude amènent la joie dans les cœurs et le sourire sur les visages pour commettre des crimes odieux et semer la terreur», a fait remarquer Wahid Achour. Produit par le Théâtre régional Mohamed –Tahar-Fergani de Constantine, le spectacle Istirahet El Mouharridjinepart en tournée, immédiatement après la prestation d’Alger, dans des villes du Centre et de l’Est algériens.

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