France : Un appel de 500 personnalités pour la reconnaissance de l’Etat palestinien

01/06/2024 mis à jour: 03:55
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Photo : D. R.

Le journal L’Humanité a publié hier un appel du monde politique, des arts et du spectacle qui demande au gouvernement français de reconnaître l’Etat palestinien. A la suite de l’Irlande, l’Espagne et la Norvège.

Pour le quotidien communiste français L’Humanité, la reconnaissance d’un Etat palestinien «ne serait pas un aboutissement mais l’ébauche d’une solution politique au conflit». Relayant l’appel du monde politique et associatif, de créateurs, d’intellectuels, d’artistes, demandant un geste immédiat en ce sens au pouvoir français.

«La diplomatie doit imposer le silence aux armes», précise le journal dans son édition de vendredi 31 mai : «Pour faire pression, la France peut rappeler son ambassadeur en Israël, placer sous embargo toute exportation militaire à destination de Tel-Avi ou pousser pour suspendre l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.»

Autant dire que cela relève du rêve éveillé dans un pays où, depuis le 7 octobre dernier, tout bruissement de soutien aux Palestiniens est étiqueté jusqu’à l’absurde sous l’infamante marque d’antisémitisme… Alors que la situation désastreuse perdure depuis des décennies en Palestine qui, comme le note l’éditorialiste, «vit une des dernières situations coloniales. Accaparement des terres et expulsions, emprisonnements, apartheid, exil pour les réfugiés, mur de la honte…» Et à présent une guerre totale à Ghaza !

«Le moment est venu, plus que jamais !»

Dans leur appel, les signataires font référence «à l’atrocité de la situation à Ghaza», face à laquelle «l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont décidé mardi 28 mai de reconnaître officiellement l’Etat de Palestine. Ces trois nations rejoignent l’immense majorité des pays (146 sur 193) ayant fait cette démarche.

Le président Emmanuel Macron affirme que la France est prête à faire de même mais à ‘‘un moment utile’’. Nous affirmons que ce moment est venu, plus que jamais !» Pour les personnalités dont la liste a vite surpassé en nombre les premiers signataires, cette reconnaissance est le seul geste «à même d’ouvrir un horizon politique», un «préalable à tout processus de dialogue et de négociation.

Une garantie pour le peuple palestinien et à son droit à la justice et à la dignité mais aussi pour les Israéliens dont la sécurité ne peut être assurée par la colonisation et les violations répétées du droit international».

Le drapeau palestinien révèle le clivage droite-gauche

S’il le fallait, comme un coup de pied de l’âne à un pays qui a oublié ses sources fraternelles depuis un temps immémorial, l’appel veut être positif : «Patrie de la Déclaration des droits de l’homme, la France montrerait l’exemple en étant la première des grandes puissances occidentales à reconnaître l’Etat de Palestine. Elle a le devoir d’ouvrir sans plus attendre cette perspective de paix.»

Malgré les centaines et centaines de signatures, cet appel risque fort de rester lettre morte. Hormis les partis de gauche, la majorité des forces politiques ont pris fait et cause pour Israël. Le dernier exemple nous est venu de l’Assemblée nationale, où Sébastien Delogu, député marseillais de la France insoumise, a brandi mardi dernier le drapeau palestinien lors d’une séance de questions au gouvernement.

Son exclusion pour 15 jours a alors été votée par le bureau de l’Assemblée, puis en séance plénière par le parti présidentiel Renaissance (centre droit), les Républicains (droite) et le Rassemblement national (extrême droite), tous unis face à la gauche, qui a voté contre cette éviction. Jeudi 30 mai, sur ses réseaux sociaux, le député a annoncé saisir la Cour européenne des droits de l’homme : «Ma sanction pour avoir brandi le drapeau d’un peuple colonisé et massacré est digne d’un régime autoritaire.»

Le génocidaire israélien sur LCI-TF1

Dans le même temps, les médias s’alignent sur les positions des assassins, telle la chaîne LCI-TF1 qui interviewait jeudi soir le chef du gouvernement Netanyahu alors que les missiles continuaient leur œuvre macabre sur Ghaza. «Notre victoire est la victoire de la civilisation judéo-chrétienne contre la barbarie. Si vous leur donnez maintenant un Etat, ce sera la meilleure récompense possible au terrorisme.»

Ce responsable des tueries parlait sur une chaîne française alors que le procureur de la CPI a demandé à son encontre un mandat d’arrêt international pour «crimes de guerre». Ce qu’il a dénié sans honte : «Le nombre de pertes civiles relatives aux pertes de combattants palestiniens est le taux le plus bas qu’on ait vu dans une guerre urbaine.»

Le massacreur est rejoint par la droite et l'extrême-droite française qui estiment, malgré les exactions largement documentées, qu’Israël a le droit de défendre «les intérêts de son pays qui a été attaqué par un groupe terroriste», selon le porte-parole du Rassemblement national, parti historiquement antisémite qui a réussi à se faire passer pour un défenseur de la cause juive sur les dos des musulmans. Triste réalité d’une déconfiture morale en France que ce parti raciste soit annoncé par les sondages à plus de 30% des voix aux élections européennes de dimanche 9 juin prochain. 
 
 

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