France : Deux Marocains jugés pour traite d’êtres humains

16/10/2024 mis à jour: 20:02
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Un père et son fils marocains, accusés par six compatriotes de les avoir hébergés dans des conditions indignes et exploités sans rémunération, comparaissaient hier devant la justice française pour traite d’êtres humains dans des domaines viticoles du Bordelais (sud-ouest). Les victimes, toutes recrutées au Maroc, ont des récits similaires.

Ahmed et El Mehdi Genna, les deux prévenus, leur ont promis un titre de séjour pérenne, un emploi stable rémunéré à 1500 euros par mois et un logement. En contrepartie, les jeunes hommes leur ont versé une somme d’environ 12 000 euros pour venir. «J’ai accepté car je rêvais d’une vie meilleure en France», a témoigné l’un d’eux, qui était mécanicien au Maroc, hier matin à la barre, expliquant avoir puisé dans ses économies mais aussi celles de sa soeur et sa mère.

Arrivé en France en juin 2022, «je ne savais pas où j’allais vivre, ni où j’allais travailler», poursuit-il en dialecte marocain. Premier à avoir porté plainte, en septembre 2022, il raconte le logement exigu où s’entassaient huit personnes, avec des matelas sales à même le sol, les douches à l’eau froide. Mais surtout un rythme de travail effréné dans les vignes, avec 15 minutes de pause déjeuner et aucune rétribution pour 18 jours travaillés. Une autre victime tente de contenir sa colère face à ce qu’elle qualifie de «vaste arnaque». «J’avais confiance en Mehdi que je connaissais depuis mon enfance.

Je n’avais pas de raison de douter de lui», explique l’homme. Face à eux, Ahmed Genna balaie les accusations d’hébergement indigne, confirmées par l’Inspection du travail, selon la présidente du tribunal correctionnel de Libourne (sud-ouest). «Le logement était propre, ils ont fait exprès de tout salir et, après, ils ont pris des photos, des vidéos», lance celui qui comparaît également comme représentant légal d’une société servant d’interface avec les domaines viticoles.

«Rien n’est vrai, ils mentent, personne ne m’a donné de l’argent pour venir en France.» «Ils n’ont pas réussi à supporter la charge de travail dans la vigne, ce sont des incapables, ils n’ont même pas travaillé une seule journée, je n’avais pas à les payer», assène le prévenu, accusant à son tour les victimes : elles auraient porté plainte contre lui pour obtenir un titre de séjour. Le procès se poursuit dans l’après-midi avec plaidoiries et réquisitions. 
 

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